Magnificat France 2022 – 97min.

Critique du film

Karin Viard face à une sombre affaire secouant le diocèse

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Le premier long métrage de Virginie Sauveur évoque un scandale, celui provoqué par la levée du corps d’un prêtre qui se révèle être une femme. Librement adapté du roman Des femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne, Magnificat, à voir en salles dès le 21 juin, serpente dans les couloirs d’une institution impénétrable : l’Église.

Charlotte (Karin Viard), chancelière de l’évêché, est appelée pour une situation pour le moins inhabituelle. Un prêtre est mort et cette dernière doit aller constater le décès. Jusque-là, rien d’extraordinaire, sauf que le prêtre en question était en réalité… une femme. C’est la stupeur dans les rangs de l’institution religieuse dirigée par Monseigneur Mevel (François Berléand). Comment une telle supercherie a-t-elle pu durer tant d’années? Et comment une femme a-t-elle pu se glisser sous la robe ecclésiastique sans que personne ait jamais rien remarqué? Si la première réaction de Charlotte est d’étouffer l’affaire, elle se met à enquêter pour comprendre pourquoi et comment cette femme est parvenue à tromper son monde.

On pense d’abord à un canular, une mauvaise blague. Était-ce vraiment une femme? Les spectateurs sont tout autant dans la confusion que les personnages du film. De ce corps dont on ne verra rien, de ce prêtre dont les spectateurs sont forcés de se faire une représentation mentale à défaut d’avoir une image concrète, il ne reste que l’incompréhension. Au fur et à mesure que l’histoire avance, le mystère s’éclaircit et les thématiques du film se dessinent. «Magnificat» avance en terrain miné en traitant de l’ordination des femmes prêtres au sein de l’Église catholique et, par extension, de l’impossibilité pour ces dernières d’accéder à certains postes, ou encore du célibat des prêtres.

Le sujet est sensible. Jean-Paul II lui-même opposait un « non éternel » à l’ordination des femmes prêtres en 1994. Et s’il est à la fois désolant et terrifiant de réaliser qu’aujourd’hui encore ce genre de thèmes restent d’actualité, le film, écrit pas Virginie Sauveur et Nicolas Silhol, désacralise les figures religieuses, et questionne avec finesse ces sujets sans pour autant tomber dans l’exercice moral d’une institution régie par des lois périmées depuis longtemps.

Plus globalement, «Magnificat» traite de transgression et d’interdits, mais également d’espoir et de passion. Un premier long métrage d’une femme sur les femmes, et plus particulièrement sur une femme qui voulait vivre pleinement son appel, faisant fi de toutes les règles pour y parvenir. La réalisation assez sage et linéaire de Virginie Sauveur met à l’honneur une Karin Viard toujours impeccable qui, elle aussi, doit faire face à ses propres démons. Un film sans fantaisie et sans grande surprise dans sa forme, mais pertinent dans le fond.

05.06.2023

3.5

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 1 an

Il manque quelque chose dans ce film séparé par deux histoires qui ne sont pas inintéressantes mais dont la liaison me semble inaboutie. Karine Viard est excellente. Une peu sur mes gardes avec François Berléand toujours sur le fil du rasoir pour se contenir et oublier ses mimiques berléandesques. Mais je ne me suis pas ennuyée même si dès le départ le secret est éventé. Un film de la période estivale, en attendant la rentrée et quelques petits « chef d’œuvre » primés lors du Festival de Cannes.Voir plus


Eric2017

il y a 1 an

Un scénario original où l'intrigue n'est autre que comment se prêtre a pu duper les autorités ecclésiastiques et être ordonné alors que c'est une femme ! Tout ça n'est qu'un roman, mais remet en question le refus du Vatican à franchir un cap. Ce film aurait pu être meilleur si dans le dernier quart il ne se perdait pas un peu trop sur les raisons qui ont poussé Monseigneur Mével (Berléand) a gardé auprès de lui Charlotte (Viard). (G-01.07.23)Voir plus


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