Abigail Irlande, Etats-Unis 2024 – 109min.

Critique du film

Une ballerine diablement mortelle

Maria Engler
Critique du film: Maria Engler

Une fillette en tutu qui part à la chasse aux truands le tout enrobé d’une bonne dose de gore et de clichés horrifiques? Voilà le postulat d’«Abigail». Un long métrage qui manque de souffle, mais réussit à arracher quelques rires.

Une bande de ravisseur est chargée de kidnapper la jeune Abigail, 12 ans, fille d’un magnat de la pègre. La mission se déroule comme sur des roulettes et, le temps de négocier la rançon de 50 millions de dollars, il la surveille une nuit dans un domaine isolé. Mais sous ses airs d’enfant effrayée, la petite fille est bien loin d’être inoffensive. Attention, la chasse est ouverte et Abigail a un goût prononcé pour l’hémoglobine!

«Entretien avec un vampire», «La Malédiction», «L'Exorciste» ou encore «M3GAN»: il n'est pas rare au cinéma de voir des petits anges incarner des êtres monstrueux. «Abigail» s'approprie avec enthousiasme cette recette et s’inscrit fièrement dans une certaine tradition de l’horreur. Ainsi, déguisée en ballerine, la jeune fille alterne d’élégants numéros de danse avec de féroces scènes de tuerie.

Derrière la caméra se glisse le duo formé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Rompus à l'exercice, les compères nous avaient offert «Ready or Not», «Scream V» et «Scream VI». Loin d’aspirer au chef-d'œuvre, ils assument ouvertement les poncifs de l’histoire grâce à une autodérision agréablement dosée. Le résultat est particulièrement divertissant.

Cantonnés au rôle de poches de sang sur pattes, remplies d’organes et prêts à être déchiquetés, les personnages manquent de profondeur et restent enfermés dans les stéréotypes qui leur sont asservis. Néanmoins, les cinéastes s'en donnent à cœur joie et déploient une quantité impressionnante de faux-sang et d’effets spéciaux en tout genre. S’en dégage une énergie contagieuse qui fait d’«Abigail» une petite perle du cinéma gore.

Avec un enthousiasme palpable, l’acteur britannique Dan Stevens surjoue gaiement son personnage. Révélé au grand public dans la série «Downton Abbey», il avait déjà démontré ses talents pour un genre plus horrifique dans «The Guest», «The Rental» ou encore, plus récemment, «Cuckoo». Après avoir tenu le rôle-titre de «Matilda: The Musical» sur Netflix et enfilé le costume de la fille de Jessie Buckley dans «Scandaleusement vôtre», Alisha Weir se distingue ici par son incroyable aisance à incarner le visage de l’innocence, avant de se faire terrifiante.

Malheureusement, le temps finit par paraître bien long devant l’inaptitude des protagonistes à éliminer la créature. Paniqués, ils courent dans tous les sens et accumulent les décisions cavalières. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett raclent les fonds de tiroir et tous les poncifs du genre y passent. Aussi sincère et appréciée soit l'autodérision du métrage, «Abigail» reste une œuvre insuffisante, en deçà de ses pairs.

(Adapté de l'allemand)

29.07.2024

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 5 mois

Ça débute un peu comme les 10 petits nègres d'Agatha Christie, mais la comparaison s'arrête là. Passé le déballage de chacun des personnages finalement retenus dans ce manoir, on commence à vivre une tension qui va se terminer dans l'horreur. Explosions de corps, bains de sang, décapitations, hurlements etc.... C'est une véritable boucherie. Certes c'est un film fait pour ça, mais ce qui personnellement m'a encore plus dérangé, c'est que le mal est incarné/interprété par un enfant. Ce que j'avais vu en 1976 avec La Malédiction, me parait aujourd'hui totalement désuet. La technologie permet véritablement d'accentuer ces scènes et quand c'est trop on finit par être dégoutté. Et c'est sur ce seul point où Abigail est réussi. (F-31.05.24)Voir plus

Dernière modification il y a 5 mois


Sab84

il y a 7 mois

Le 29 Mai pour la Romandie? Mais c'est une blague? Vous pouvez pas pour une fois suivre tout le monde? Les fan de l horreur sont vraiment pas gâter dans les canton romans. Déçu


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