L'amour ouf France 2024 – 166min.

Critique du film

Et Gilles Lellouche voit grand

Critique du film: Marine Guillain

En compétition officielle à Cannes, le film-fleuve de Gilles Lellouche emprunte à tous les genres cinématographiques.

Années 80, Nord de la France. Jackie l’élève studieuse (Mallory Wanecque) et Clotaire le cancre glandeur (Malik Frikah) tombent amoureux. Ils sont adolescents, elle est issue d’une famille bourgeoise et orpheline de mère, il vient d’une famille ouvrière nombreuse et subit les accès de violence de son père. Lorsqu’ils sont ensemble, la vie prend tout son sens. Mais Clotaire a de mauvaises fréquentations, il tombe dans la criminalité, se fait attraper et doit passer 12 ans en prison. À sa sortie (il a désormais le visage de François Civil), la seule chose qui compte pour lui est de retrouver Jackie (Adèle Exarchopoulos).

Après «Le grand bain» en 2018, Gilles Lellouche revient avec un film de tous les superlatifs: qu’il s’agisse du casting, de la durée, de la mise en scène ou du budget (35 millions d’euros). Projet de longue date adapté du roman de l’écrivain irlandais Neville Thompson et co-écrit avec Audrey Diwan, «L’amour ouf» s’étend sur 2h45, durant lesquelles défilent Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Anthony Bajon, Elodie Bouchez, Karime Leklou, Jean-Pascal Zadi, Raphaël Quenard ou encore Vincent Lacoste.

La mise en scène est fougueuse, grandiloquente même, empruntant aux codes du cinéma américain et ne cessant de mélanger les genres : comédie romantique, film de gangster, thriller, drame, action, et même comédie musicale (avec notamment une brève scène de danse subjuguante). La lumière et la photographie évoquent étrangement la Californie - alors que le film a été tourné dans le nord de la France. Il y a du Tarantino comme du «West Side Story» dans «L’amour ouf». Il y a des coups de poing, des coups de sang, des coups de fusils, des bastons… mais aussi des baisers passionnés, des couchers de soleil, des éclipses et de l’amour à la plage.

La bande originale fait vibrer avec The Cure, Prince, Billy Idol ou encore Depeche More. Les effets de caméra dans tous les sens et à chaque instant viennent accentuer la flamboyance et la tonitruance de cette fresque stylisée haute en couleurs. Too much? Honnêtement, quand on a les moyens, pourquoi ne pas profiter de toute l’étendue du terrain de jeu pour s’amuser? Le cinéma sert (aussi) à ça.

(Cannes 2024)

23.08.2024

4

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