La Vénus à la Fourrure France, Pologne 2013 – 96min.
Critique du film
Venus in Fur
Lors d'une audition, un metteur en scène de théâtre se laisse subjuguer par une comédienne. Par Roman Polanski.
Sur le point de quitter son théâtre après des heures à auditionner des actrices sans talent dans l'espoir de trouver enfin une comédienne capable d'incarner le 1er rôle de son adaptation d'une pièce de l’écrivain autrichien Sacher-Masoch (d'où vient le mot "masochisme"), un metteur en scène dépité voit débarquer une ultime candidate, arrivée en retard et détrempée pour cause de mauvais temps. Face à cette pouffiasse exubérante jurant comme un charretier, inculte et affublée d'un vêtement SM, l'artiste reste doublement sans voix: d'abord face à tant de vulgarité et ensuite, lorsque cette furie se métamorphose en damoiselle innocente du 18e siècle une fois sur scène. Subjugué par son talent, le réalisateur va alors se faire happer par les répétitions que cette flamboyante comédienne dirige désormais, perdant ainsi complètement le contrôle, mais éprouvant une jouissance extrême à être mené à la baguette. Tout comme le personnage principal de la pièce de Sacher-Masoch...
Dans cet hymne féministe sujet à de multiples interprétations, lumineux, jouissif, érudit sans être élitaire ni graveleux malgré son sujet, Roman Polanski semble éprouver lui-même un plaisir masochiste à se moquer des artistes en dirigeant un acteur - Mathieu Amalric - lui ressemblant comme deux gouttes d'eau dans le rôle d'un metteur en scène adorant être soumis par une comédienne tout en latex jouée par Emanuelle Seigner, sa propre femme dans le privé. Un nouveau monument de ce jeune cinéaste de 80 ans, qui, cas unique dans l'histoire du 7e Art, nous régale d'au moins un chef-d'oeuvre par décennie depuis 50 ans. A applaudir jusqu'à ce que douleur s'en suive!
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