Dilili à Paris France 2017 – 95min.
Critique du film
Rendez-vous avec l’Histoire !
Pour son nouveau long-métrage d’animation, Michel Ocelot nous embarque dans le Paris de la Belle Époque en compagnie de la petite kanake Dilili. Son voyage dans la ville Lumière la mènera vers des personnes emblématiques du début du XXe siècle, qui l’aideront à résoudre de mystérieux enlèvements de fillettes. Comme à son habitude, le créateur de Kirikou et Azur et Asmar nous propose un magnifique spectacle rempli de poésie pour petits et grands.
Paris, début des années 1900. La ville regorge d’artistes, de scientifiques et de pionniers qui révolutionneront le monde. C’est dans ce contexte que Dilili, venue en France pour participer à des reconstitutions de villages indigènes, va essayer de comprendre pourquoi des petites filles se font régulièrement enlever par des hommes surnommés les Mâles-Maîtres. Accompagnée d’Orel, un jeune livreur triporteur, Dilili sillonnera la ville pour interroger des potentiels témoins.
Et quels témoins ! Il y a de grandes chances pour que la liste des personnes rencontrées par Dilili fasse des envieux. Après tout, qui n’a jamais eu envie de discuter avec Marie Curie, Gustave Eiffel, Henri de Toulouse-Lautrec, Claude Monet, Marcel Proust, Claude Debussy ou encore Colette ? Même s’ils ne durent qu’un bref instant, ces entretiens constituent une très bonne première approche didactique des figures importantes de ce début de siècle. Mais la (trop) rapide succession des personnages donne parfois le tournis et empêche de développer convenablement leur parcours respectif. Cette légère frustration est cependant vite dispersée par la personnalité attachante de Dilili, dont la curiosité et la bonne humeur embellissent le récit.
Montée de toutes pièces pour le film, l’intrigue des enlèvements permet surtout à Michel Ocelot, qui signe également le scénario, de défendre un propos féministe, de parler de l’évolution du statut de la femme et de tacler ces pourfendeurs, les Mâles-Maîtres. Mais la noirceur qui se dégage de ces affreux personnages (aussi bien dans leurs actions que dans le dessin) interpellera peut-être moins les plus jeunes spectateurs que leurs parents.
Les habitués du cinéma de Michel Ocelot retrouveront sa touche personnelle dans les dessins des personnages, exécutés en 3D et dont les traits, certes un peu simplistes, ressemblent à la 2D (technique déjà utilisée pour Azur et Asmar). Les protagonistes sont insérés dans des décors photographiés de Paris, dont l’architecture est sublimement mise en lumière, donnant ainsi à la ville un des rôles principaux du dessin animé. Soit dit en passant, les regards les plus affutés reconnaîtront également les détails des intérieurs reconstruits dans le style Art nouveau.
En bref ! Visuellement irréprochable, Dilili à Paris se distingue par sa volonté de faire revivre le Paris de la Belle Époque en s’intéressant particulièrement aux changements dans les rapports sociaux. L’intrigue féministe qui en découle permet à Michel Ocelot d’ancrer pleinement son dessin animé dans les débats actuels tout en abordant une période historique charnière. Une belle réussite !
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