Logan Lucky Etats-Unis 2017 – 119min.
Critique du film
Logan Lucky
Feel good movie dans l’est de la Virginie. Deux frangins prennent leur revanche sur la société américaine et se lancent dans une aventure herculéenne et drolatiquement stupide: un braquage amateur de la légendaire course de NASCAR en Caroline du Nord. Avec Channing Tatum, Adam Driver et Daniel Craig, Steven Soderbergh daigne enfin sortir de sa retraite !
Logan Lucky met en scène des oubliés devenus bandits malgré-eux. En ce sens, c’est une sorte de “Ocean” inversé. Jimmy (Channing Tatum) et Clyde Logan (Adam Driver) interprètent des estropiés de la vie, de gentils crétins d’eau douce qui tenteront un braquage comme un ultime doigt d’honneur à une société qui les laisse pourrir. Le premier vient de perdre son travail et la garde de sa fille tant dis que l’autre, serveur et manchot, célèbre duo gagnant, végète dans une sorte de “diner” de bord de rocade. Il y a ce travail sur le comique de situation, les répliques, les mimiques et la dialectique. La recette a déjà fait ses preuves, la béchamel prend et offre au duo un burlesque de boulevard parfaitement jouissif.
Dans cette course contre la médiocrité, Soderbergh dévoile une galerie d’anti-héros jubilatoire façon Burn After Reading des frères Coen. La direction des acteurs est impeccable. De Riley Keough arrière petite fille d’Elvis Presley, détonante de kitsch dans le rôle de la soeur jusqu’à Daniel Craig, l’excentrique version blond platine d’un Jailhouse Rock. Les ringards se prennent pour les nouveaux Cartouche du 21ème siècle et foncent avec une insouciance adolescente. Leur philosophie de vie est simple “On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher…” C’est drôle, c’est corrosif, saupoudré d’humour noir, bref jusque là tout va bien.
Mais à l’image d’un récent Baby Driver par exemple, Logan Lucky appartient sans nul doute à cette génération de cinéma “COOL”; en d’autres termes, un cinéma qui dans son genre, ne raconte pas grand chose mais le réalise extrêmement bien! Certes il y a un discours sur une Amérique blanche post Trump et en quête de revanche, mais Logan Lucky est un échantillonnage de petites ambitions, adorablement mis en scène par ailleurs, mais qui laisse pantois quant à la puissance du message. Ce raisonnement serait précipité pour une première réalisation, mais venant de Soderbergh qui sort de sa retraite et après une trentaine de films, il semble légitime de pouvoir s'interroger sur le degré d’innovation. Il y a différents niveaux de déjà-vu, celui-ci est tolérable et profite du talent indéniable du réalisateur. Mais sans vouloir piétiner les qualités évidentes de Logan Lucky, je propose la note toujours subjective de 3/5 pour le manque d'inattendu !
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Commentaires
Jimmy & Clyde
Les frères Logan ont de quoi être énervés: l'un est manchot à la suite de la guerre en Irak et tient un bar paumé, l'autre vient d'être viré de son job de mécanicien sur le autodrome de Charlotte en Caroline du Nord. Du coup, les frangins prévoient de commettre un casse durant une course en se servant des conduits de ventilation. D'où un plan peu scrupuleux, un complice Jo peu fréquentable... et une famille décomposée à entretenir.
Soderbergh de retour: après avoir axé la promotion de ma vie avec Liberace comme étant son dernier film, ce retour annoncé en début d'année sur l'une de ses thématiques chères, un casse pour venger une injustice promettait un retour en flammes.
Niveau scénario, la pôle position n'est pas atteinte ni même la première ligne. Il reste une satire piquante mais trop courte du respect des lois, un exquis Daniel Craig, une fillette adorable mais pas de souffle spécifique.
Et indirectement, le réalisateur des Ocean's ne semble pas vouloir s'en émouvoir: son message du "I'll be back" est principalement ce que l'on retient et l'on se réjouit de le retrouver plus inspiré.
Se laisse néanmoins voir pour les belles et Craig...… Voir plus
“Ocean’s 2.0”
Dans le patelin de Virginie-Occidentale où la plupart survivent comme ils le peuvent, la malédiction des Logan est une litanie connue de tous. Licencié et acculé par des frais qui pourraient l’empêcher de rester proche de sa fillette, Jimmy, l’aîné, propose à son cadet Clyde un casse audacieux : voler la recette du Coca-Cola 600, course automobile de prestige. Pour bien faire, ils demandent l’aide d’un expert.
De retour aux affaires après des velléités de retraite et une série télévisée, Steven Soderbergh reprend goût aux braquages de haut vol. Il troque Las Vegas, son luxe tapageur, ses casinos insolents et le glamour de George Clooney pour l’Amérique profonde, sa ruralité, ses foires populaires et le style « redneck ». Les frérots, l’un manchot, l’autre boiteux, ne possèdent pas les bonnes cartes pour remporter la mise et se prédestinent à un aller direct en prison, sans passer par la case départ. C’est voulu et mal connaître ces apprentis James Bond, disciples de Daniel Craig, bien plus malins qu’ils n’y paraissent. Le plan se déroulera, comme toujours, sans accrocs ou presque dans la « coolitude attitude » emblématique de ce cinéma. Le refrain est connu et d’un humour moins ravageur qu’espéré, mais il s’en dégage une empathie sincère pour ces perdants magnifiques souvent négligés et moqués ailleurs.
7/10… Voir plus
Dernière modification il y a 7 ans
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