Red Sparrow Etats-Unis 2018 – 140min.

Critique du film

Red Sparrow

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Dominika Egorova (Jennifer Lawrence) est une jeune ballerine émérite du Bolchoï mais un brutal accident mettra fin à sa carrière. Elle sera alors approchée par Egorov, son oncle (Matthias Schoenaerts), un agent du KGB, et intégrera une école spéciale pour devenir un ”moineau rouge” de l’intelligence soviétique. Entraînée à séduire, sa première cible sera un agent de la CIA (Joel Edgerton) infiltré en Russie. Très vite, un jeu dangereux s’engage entre les deux espions.

Sur les planches du Bolchoï, lorsque la jambe de Dominika se brise dans un ramdam orchestral, le réalisateur introduit l’idée d’une beauté à revers, impérieuse, brutale et Red Sparrow s’ouvre avec ardeur. Elle succombera aux sirènes d’un oncle perfide. La demoiselle devient un “moineau rouge”, un super-agent au service d’une intelligence véreuse. Entre les mains des services secrets, Dominika, entrainée par Charlotte Rampling, deviendra une arme de séduction massive et offre en filigrane un joli discours sur la manipulation. Il s'engage alors une filature psychologique à contre-courant des films de Paul Greengrass (Jason Bourne), et les choix de mise en scène donnent une identité notable au thriller.

Un film d’espion au féminin, une tentative psychologique, violente et sexuée; discutable par ailleurs, il reste une proposition de cinéma honorablement incarnée par la flopée d’acteurs. Après Mother! (Darren Aronofsky), Jennifer Lawrence continue de prendre des risques, Matthias Schoenaerts se frotte à un genre nouveau, et Jeremy Irons compose avec charisme. Sans oublier Charlotte Rampling impeccable en matrone glaciale et un Joel Edgerton qui fait le boulot. Nul n’y brille mais le film a du tempérament.

Mais si Red Sparrow vacille c’est ailleurs. Une nouvelle fois, Hollywood nous livre une “femme forte” qui en définitive se révèle être la marionnette sexy d’une gérontocratie soviétique. Le twist amoureux ouvre une lucarne sur Roméo & Juliette. L’intelligence dans la séduction donnera du corps au personnage de Dominika mais la violence abrupte et quasi gratuite des scènes étouffera l’histoire. Le sauna, la classe, la douche, le viol et la torture finale…

Dans la veine d’un récent Atomic Blonde avec Charlize Theron, Red Sparrow tente une réécriture mais repose son originalité sur une incarnation féminine. Plus étonnant encore, il flotte la vision d’une femme contrainte à la nudité pour servir les intérêts des hautes sphères dans l’espoir de se libérer. Curieux … Aussi périlleux soit-il pour Jennifer Lawrence, le cheminement de Dominika laissera perplexe. C’est tout le paradoxe de Red Sparrow, une vision maladroite dans un film d’espionnage pourtant brut et à la mise en scène exigeante.

03.04.2018

3

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

merryweather

il y a 6 ans

Je sais que tu es une espionne. Je sais que tu sais que je suis une espionne. Je sais que tu sais que je sais que tu es une espionne ... A ce jeu-là, le scénario devient vite incompréhensible et les 2+ heures du film assez monotones. Restent un coup d'oeil amusant à l'actualité, un clône de Poutine dans le rôle du méchant et pour moi une interrogation: est-ce que ce film se déroule à l'époque soviétique ou comtemporaine?Voir plus


CineFiliK

il y a 6 ans

“Hunger game”

Brisée en plein élan, la danseuse étoile Dominika Egorova n’a plus d’autre choix. Afin de subvenir aux besoins de sa mère malade, elle devient une Red Sparrow, agente spéciale du KGB, entraînée à séduire pour obtenir ce qu’on lui demande.

« Votre corps appartient à l’Etat ; il l’a nourri et fait grandir. A vous de le lui donner en retour. » Voilà ce que l’on inculque aux jeunes recrues des services secrets, dans cette Russie atemporelle, sentant encore la guerre froide. Le sexe est une arme de destruction massive et l’ennemi, un puzzle inachevé. Aux « moineaux rouges » de devenir la pièce manquante.

Entre érotisme et violence crus, le film avance sur des chemins balisés, sans ménager de réelles surprises, en dépit d’un final plutôt réussi. Mensonges et trahisons donnent le la, plutôt que les scènes d’action. Dans le rôle de la maîtresse du jeu, Jennifer Lawrence marche sur les pas de Charlize Theron. Moins à l’aise que la blonde atomique, elle prouve cependant qu’elle n’est plus une héroïne pour adolescents en affirmant avec force que son âme et son corps n’appartiennent qu’à elle.

6/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


vincenzobino

il y a 6 ans

3.5: Nikita et la taupe
Dominika est l'une des plus prestigieuses danseuses du Bolchoi et nièce de Vanya, No 2 des renseignements russes. Au cours d'une représentation, elle est gravement blessée par son partenaire et lorsque son oncle lui révèle que l'acte était intentionnel, elle est contrainte d'intégrer l'unité des moineaux, recrutés pour vaincre leurs phobies et servir le gouvernement. Et lorsque Nate, un agent américain reçoit des renseignements d'une taupe, Dominika doit tout faire pour connaître l'identité du traître, quitte à franchir des frontières diplomatiques irrattrapables.
Nouvel épisode de la guerre froide, Red Sparrow marquait les retrouvailles Lawrenciennes après le triplé Hunger Games et nous promettait d'une part une performance forte de Jen Law mais aussi une brutale évocation de la barbarie des services secrets.
Et nous sommes servis sur ces deux points: Jennifer nous offre sa performance la plus aboutie (en danseuse on repassera mais en Nikita orientale, l'on est servi) et l'on retrouve en quelque sorte un rôle familial comme l'actrice les perfectionne. Fortes performances également de Charlotte Rampling et Matthias Schonaerts, et écriture assez fortiche avec une issue pouvant prendre de court.
Et les âmes sensibles ne seront pas épargnées car le tout est extrêmement brutal et souvent exagéré, ce qui pourrait quelque peu faire passer la très bonne part d'espionnage au second plan au profit d'une espèce de justification de ces sévices.
Néanmoins se laisse tout à fait voir si l'on est averti...Voir plus


Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Emilia Pérez