1999 - Wish You Were Here Canada, Suisse 2018 – 94min.
Critique du film
A quoi bon se souvenir ?
À l’opposé de la série 13 Reasons Why (diffusée sur Netflix) qui conférait au suicide scolaire un aspect théâtral parfois malsain, 1999 – Wish You Were Here se concentre davantage sur l’humain et sur le ressenti. Elle est devenue réalisatrice mais en 1999 Samara Grace Chadwick était elle-même élève de l’école secondaire Mathieu-Martin de Moncton. Ici, il ne s’agit pas d’une enquête ou d’une simple chronologie des événements, mais bien d’un dialogue entre témoins d’une tragédie. Peu d’informations contextuelles à propos des victimes nous sont fournies, donnant ainsi au documentaire un caractère très universel...
Partagés entre stupeur et colère, les anciens élèves interrogés par la réalisatrice s’accordent sur l’ambiance étrange et pesante qui régnait dans l’école. La peur d’un message à l’interphone qui annoncerait une réunion éclaire des enseignants ou la paralysie collective lorsque quelqu’un frappait à la porte de la classe, souvent synonyme de mauvaise nouvelle. S’ils n’ont pas tous réagi de la même manière, les étudiants étaient toutefois conscients des failles du système scolaire et du manque d’écoute de la part des autorités de l’école. On regrette d’ailleurs que le documentaire ne contienne pas davantage de points de vue d’adultes au moment des faits, puisqu’une seule enseignante est interviewée. La crise n’était également pas évidente à gérer pour eux, comme l’avouent désormais certains élèves. Même si ce n’est pas toujours aisé, la plupart des témoins admettent qu’en parler aujourd’hui avec le recul et la maturité, permet d’évacuer ces souvenirs douloureux pour en ressortir un peu plus en paix.
D’un point de vue formel, le documentaire contient un certain nombre d’effets visuels (images saturées ou qui s’entrechoquent, superposition de textures et de photographies) qui ne se révèlent pas franchement nécessaires, vu l’ampleur du propos. Néanmoins, il est vrai que les journaux intimes conservés par les élèves et les extraits des cassettes VHS sont particulièrement touchants et constituent des témoignages irréfutables du climat si particulier. Si certains choix narratifs sont discutables, on ne peut en revanche guère reprocher à la réalisatrice l’authenticité de son documentaire dû au fait qu’elle fut elle-même touchée par ce drame.
En bref! Sans jamais basculer dans le larmoyant, 1999 – Wish You Were Here (en référence à la chanson du groupe Pink Floyd) parvient à traiter de la thématique, pourtant très sensible, du suicide scolaire avec délicatesse et sincérité. On en ressort avec un message d’espoir et une valorisation de l’amitié et du dialogue.
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