Boy Erased Etats-Unis 2018 – 115min.

Critique du film

Mon Père, vous m’envoyez aux galères

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

À aujourd’hui, on compte environ 700 000 jeunes américains envoyés dans ces centres pseudo-médicos pour suivre des thérapies de conversion ou de réorientation sexuelle comme ils les appellent. Sur les bancs de ces institutions infâmes, Joel Edgerton installe son deuxième long-métrage après The Gift. Une plongée dans l’ultra conservatisme chrétien américain.

Les mémoires de Garrard Conley (Boy Erased: A Memoir of Identity, Faith, and Family), ici portées à l’écran par Joel Edgerton, nous racontent la sévérité occulte et sauvage de l’ultra conservatisme chrétien américain. Garrard, Jared à l’écran, a 19 ans et rompt avec sa petite amie, l’explication fera l’effet d’une déflagration. Dans cette famille gouvernée par un patriarche pasteur baptiste, c’est convoqué devant un tribunal familial exceptionnel et devant quelques figures de l'église locale, que Jared sera forcé d’avouer son homosexualité. Le père est abattu. Voilà qu’une « bête galeuse » défroque sa foi chrétienne. Intolérable, il envoie son fils en réorientation sexuelle comme on irait piquer un chien. La mère reste impuissante.

Aussi répugnant soit-il, le sort alloué à ce jeune garçon est pourtant véridique. Le lavage de cerveau, la bêtise, l'obscurantisme, la pensée réactionnaire, les poncifs sur la masculinité, la féminité, la communauté LGBT, le sida et l’incitation à la haine (de soi) ; à commencer par les instructeurs, et le personnage interprété par Joel Edgerton, tout est à vomir dans ce programme. Quelques scènes intenses nous plongent en enfer. On pense à une procession interminable, un lynchage à coups de bible, une humiliation face à un cercueil ou une séance d'entraînement militaire. Face à l’hégémonie des idiots, Boy erased, et son casting (Nicole Kidman, Russell Crowe & Lucas Hedges), se repose sur son histoire et remplit le cahier des charges. Mouture classique, suffisante pour se faire porte-parole des horreurs, trop légère pour envoûter. Le pari n’en reste pas moins réussi.

En bref !

Un long-métrage élégant pour sensibiliser son audience, la facture n’en reste pas moins convenue. Pourtant, le personnage interprété par Xavier Dolan effleure les abords délicats du thriller psychologique. La destinée du personnage (trop) secondaire de Britton Sear vous sciera le coeur. Et si Boy erased surprend, c’est ici, en périphérie, au creux de ses histoires inexplorées.

27.03.2019

3.5

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Commentaires

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andreifge

il y a 5 ans

Excellent film, basé sur une histoire réelle, polyphonique dans le traitement des thèmes comme la relation fils/mère, fils/père, couple des parents, homosexualité/religion, thérapies de conversion, qualité de la relation amoureuse, attitude coincée vis-a de la sexualité dans l'Amérique de la Bible belt ce qui fait que beaucoup de rôles secondaires sont assez inaboutis (le rôle éphémère de Xavier Dolan par exemple n'est pas clair). Très jolie bande son, images, reconstitution des années 90... à voir absolument surtout par les parents des jeunes qui font leur coming outVoir plus


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