Colette Hongrie, Royaume-Uni, Etats-Unis 2018 – 111min.
Critique du film
Un biopic féministe et intimiste
Que ferait-on par amour ? Déménager dans une ville que l’on n'apprécie guère. Côtoyer des personnes trop hypocrites et égocentriques à son goût. S’habiller différemment, se coiffer différemment, agir différemment. Et pire encore : écrire avec son coeur et son âme une série de romans en devant les signer du nom de plume d’un autre.
Pourtant au tout début, la jeune femme est éblouie par ce charmant écrivain qui vient lui ouvrir la porte d’un nouveau monde passionnant. Cependant, notre héroïne va vite prendre conscience que les dépenses de son mari dépassent autant son « talent » que sa fidélité. Il faut pourtant gagner de l’argent, et vite. Colette écrit pour son mari un premier roman intitulé « Claudine à l’École » qui devient une oeuvre hautement appréciée des jeunes lectrices.
Après une série de romans à succès, des pièces de théâtre et un effet de mode, Claudine est une marque qui revient chère. Toutefois, les relations naissantes de Colette avec une belle mondaine socialiste (Eleanor Tomlinson à l’accent théâtral), puis plus tard avec une femme de fer nommée Missy (Denise Gough), défient les stéréotypes et l’encouragent à se redéfinir, reprenant ainsi le contrôle de sa vie, de sa personnalité et de son travail.
Portée par une douce et incroyable Keira Knightley (Pride & Prejudice), Colette va lutter contre son mari égoïste et fourbe campé par Dominic West, s’opposer aux frontières traditionnelles entre les sexes en portant des pantalons et en coupant ses cheveux à la garçonne et prouver que la femme est loin d’être un sexe faible.
Colette est un film stimulant et divertissant qui s’articule autour d’une femme qui tente de trouver sa propre voix dans une société en mutation. Magnifiquement tourné par le directeur de la photographie, Giles Nuttgens, avec des décors inspirés des films français du réalisateur Max Ophüls, Colette évoque de manière convaincante un Paris durant la fin du XIXe et début du XXe siècle, à laquelle le réalisateur Wash Westmoreland ajoute une sensibilité résolument moderne. Au centre de toute l’histoire on retrouve donc une Colette à la personnalité charismatique et charmeuse, renforcée par le sourire espiègle et le regard mystérieux de Keira Knightley.
Mais Colette est aussi un film humaniste qui soulève des questions pertinentes sur le contrôle de son image publique et de son impact dans la vie privée. À quelque chose près Colette pourrait être comparée aux personnages de Glenn Close dans The Wife de Björn Runge, une femme qui enterre son talent pour la carrière de son époux, ou encore celui de Elle Fanning dans Mary Shelley de Haifaa Al-Mansour , éclipsée par son partenaire de poète plus célèbre.
En bref !
Dans son meilleur rôle depuis The Duchess de Saul Dibb, Keira Knightley donne vie à Colette dans une performance mêlant amour et glamour. Entourée d’un casting et d’un décor somptueux et d’une superbe photographie, Colette rend un juste hommage à une grande dame française.
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