La Vie scolaire France 2019 – 111min.
Critique du film
Do the Right Thing
Inséparables, ils reviennent en duo, Mehdi Idir et Grand Corps Malade, nommés aux Césars pour leur excellent Patients, retrouvent ici le chemin du collège pour nous conter une année au sein d’une vie scolaire dans un établissement des Hauts-de-Seine.
Samia (Zita Hanrot), jeune CPE fraîchement débarquée dans les Hauts-de-Seine, va vivre une année mouvementée à la barre de la vie scolaire d’un collège de la cité le Franc-Moisin. Une zone sensible, comme ils disent, où les enseignants exercent avec plus ou moins d’aisance. Et les élèves, cloîtrés dans leur filière «sans option», empêtrés dans leur cité, sans perspective aucune, résignés. Un microcosme empreint de morosité à l’approche de la rentrée, pourtant Samia insuffle à son établissement une dynamique nouvelle et retrouve une forme d’espoir avec un jeune de 4ème, Yanis (Liam Pierron).
Carton public et succès critique unanime, Patients en 2017 dépassait le million d’entrées et se retrouvait en lice pour 4 Césars, dont celui du meilleur film; nul doute que La Vie scolaire fera lui aussi grand bruit. Quitte à filmer le Franc-Moisin, quoi de mieux que de caster sur place, à la sauvage, Mehdi Idir et Grand Corps Malade retrouvent une fois encore une distribution loin des fards et offrent pléthore de premiers rôles. A commencer par le jeune Yanis, incarné par un incroyable Liam Pierron, pris à la gorge entre l’école, sa mère et les visites au parloir en prison. D’ailleurs, il y croisera Samia, elle qui s’est épris d’un Cartouche de la carte bancaire. Plutôt à l’école, Yanis l’avait scotché sur Frida Kahlo, alors un peu dans la confidence, ils s’apprivoisent et doucement, Yanis devient son protégé.
Une sortie qui fera sans doute écho au métrage Les Misérables de Ladj Ly présenté cette année à Cannes avec presque des airs à la Spike Lee et son Do the Right Thing; une année au sein d’une vie scolaire dite «sensible», pour un hymne à cette génération, une ode à la fraternité, à l’entraide et à l’espoir dans les tréfonds de l’école de la République. «Déjà qu’on est dans une ville de kaïras, dans un quartier de kaïras, dans un collège de käiras, et vous votre idée c'est de regrouper tous ces fous ensemble?» entendra-t-on de Yanis en conseil de discipline. Loin du pamphlet, la critique du système est légère, mais juste, toujours. Chaque fois que la porte de la vie scolaire s’ouvre, le duo de réalisateurs régale de saynètes croustillantes, la palme sans doute pour cette histoire de gomme bafouillée dans un jargon déjà mémorable, ou à globalement toutes les excuses du personnage joué par Hocine Moukando.
Filmer une génération, un exercice de haute voltige parfaitement exécuté par les désormais toujours excellents Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Un film capable de rire là où l’école ne rit plus, capable de s’émerveiller, d’émerveiller, un film coupable de bonhomie, d’authenticité, d’irrévérence et d’une tendresse infinie pour ses protagonistes, avec un clin d’œil pour les filières du cinéma. Quelque part entre l’administration méticuleuse des carnets de correspondance, l’ingénierie des chewing-gums dans les serrures, l’envie d’exister et le tragique accident de scooter, le métrage trouvera nécessairement un écho en chacun. A sa manière, La Vie scolaire réconforte et apaise, un film salvateur en plus d’être d’une élégance folle. En bref!
Après le carton de Patients en 2017, le duo Mehdi Idir et Grand Corps Malade réitère l’exploit. Une année au sein d’une vie scolaire mouvementée de Hauts-de-Seine, une œuvre d’une justesse imparable portée par une écriture sensible, bien dans son époque, et un casting extraordinaire.
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Commentaires
“Un pion c’est tout !”
Désirant se rapprocher de Paris, Samia devient conseillère principale d’éducation dans un collège de Seine-Saint-Denis. Elèves turbulents, parents dépassés et collègues bientôt à bout, l’année risque d’être longue.
Ils avaient pourtant su nous prendre par les sentiments avec leur premier opus, Patients, histoire autobiographique d’un tétraplégique incomplet. Les deux compères tentent à nouveau leur chance en mettant en scène les souvenirs scolaires de leur adolescence. Leur credo ? Démontrer que les jeunes et leurs mentors attitrés peuvent se rassembler. En un montage alterné festif, les barrières s’effacent dans un écran de fumette et l’on se rejoint par un humour potache, des insultes amicales, quelques peines personnelles et une logorrhée quasi insurmontable. Entre le parler de banlieue et le jargon de l’éducation nationale, il y a de quoi en perdre son latin.
Malheureusement, drame et comique s’opposent mal et se fragilisent ici. Le film hésite, citant tour à tour Profs, Entre les murs et Esprits rebelles. Un trafic d’influences qui finit par sonner faux, les apprentis acteurs n’étant pas toujours à la hauteur de leur envie. Pas de mention donc pour cet examen de passage à l’âge adulte.
5.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
4.5: Les samouraïs
Collège des Francs Moisins, St Denis:
Yanis est parmi les élèves de troisième année d’une classe turbulente. Nommée CPE (conseillère principale d’éducation), Samia, originaire d’Algérie, ne se sent pas dans son élément. Jusqu’à ce qu’au hasard d’une visite en prison, les deux se croisent, chacun voyant un proche. Comment gérer cette absence et mêler étude et rigueur disciplinaire?
Le voici donc cet impatiemment attendu second opus du binôme Grand Corps Malade-Mehdi Idir. Après la rééducation, c’est l’Education nationale qui est ici mise en avant. Avec la même virtuosité.
Dès la première seconde et la présentation du distributeur, il se dégage tout de suite un sentiment de grand n’importe quoi : une situation chaotique de rentrée de classes, une totale cacophonie verbale pour organiser les heures de cours et le premier sentiment semble clairement : pourquoi perdre son temps avec des cas si désespérés?
Sauf que, le duo GCM-Idir réussit à tourner le tout avec une espèce de dérision nous faisant d’abord sourire, puis nous bousculant véritablement lorsque l’on sort du cadre scolaire et découvre les secrets profonds. Il s’en suit une brillante analyse de l’esprit de confiance et de la sincérité, illustrée notamment par une fantastique pièce slam mettant en lumière le lien que représente une journée en classe lorsque l’on est visiblement pas fait pour.
Et ça débouche sur une bouleversante illustration que parfois, un peu de sagesse peut sauver les apparences.
Je ne suis pas du milieu enseignant et parfois, certaines réflexions des maîtres de classe semblent assez éloignées de la réalité de la rue. Et autant, la critique sur ces invraisemblances du système éducatif, sauvage, ne manquera pas d’en désarçonner, autant l’issue m’a complètement mis KO sur un plan émotionnel, même si, et ça serait mon unique point en moins, la dernière séquence me semble assez peu probable.
Mais je n’en ai absolument pas cure car le message du chant final rappelant les origines patriotiques de la France nous marque.
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