Mid90s Etats-Unis 2018 – 85min.

Critique du film

The Kids Are(n't) Alright

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Dévoilé en première à Toronto et présenté à Berlin en février dernier, Mid90s, premier long-métrage de l’acteur prodige Jonah Hill, est une ode à l’enfance tournée en 16 mm dans le Los Angeles des années… 90.

Los Angeles, quelque part dans les années 90, le temps d’un été. Stevie (Sunny Suljic), 13 ans, rêve de skateboard, de musique et d’Air Jordan ; un imaginarium pour échapper à la violence d’un frère (Lucas Hedges) et à la nonchalance d’une mère (Katherine Waterston). Sur les avenues de la cité des Anges, Stevie vadrouille en BMX et fait la rencontre d’un groupe de petits caïds skaters. Plus âgés, ils le prendront sous leurs ailes. Trop jeune pour être adulte et pourtant, le gamin s’est trouvé une nouvelle fratrie, inconsciente, insouciante.

Un conte initiatique dans les b(r)as quartiers de Los Angeles, délicatement planté entre Freaks and Geeks et l’illustre Kids de Larry Clark. Au même âge, Christiane F. s’injectait de l'héroïne entre deux passes à Berlin-Ouest ; Stevie échappe lui aussi à la détresse d’un foyer en berne, le skate remplace l’aiguille, quelques tricks sous le soleil et la promesse d’une vie meilleure. Pour ses débuts derrière la caméra, Jonah Hill s’attaque à une thématique universelle, intemporelle et ô combien radicale : l’enfance et son désir d’émancipation. Trois ans d’écriture et les conseils (non crédités) de Martin Scorsese et Ethan Coen, rien que ça ! La fable délicate d’une adolescence sur les rails.

Il y a de l’élégance chez Hill acteur (cf le récent Don't Worry, He Won't Get Far on Foot), la rumeur surclasse désormais Jonah Hill réalisateur. Ils s’appellent Ray, Fuckshit, Rubben ou encore Fourth Grade. Lui répond désormais au nom de Sunburn. Des noms d’emprunt, nouvelle fratrie, la clope, l’alcool, le skate, le sexe, dès lors tout s'accélère pour le jeune Stevie. Les Kids de Jonah Hill se confrontent au monde avec insouciance. « Laissez-les devenir fous pour qu’ils deviennent sages » écrivait Kerouac. Des Kids célestes, vagabonds, qui mêlent les écrits de l’homme sur la route à la puissance fantasmagorique d’un enfant qui rêve. À ce jeu, Jonah Hill compose un crew de skaters d’une extrême sensibilité, touchant, porté par le sublime Sunny Suljic et le tout aussi talentueux Na-kel Smith (Ray), le grand-frère de substitution. En dilettante aussi, subliminale, l’histoire des traumas de Los Angeles, d’une mixité sociale délicate, entre racisme et homophobie ordinaire.

Wu-Tang, Cypress Hill, The Pharcyde, Herbie Hancock, Misfits, Nirvana, Pixies... La soundtrack elle-même raconte cette histoire des États-Unis. Si Jonah Hill insuffle de la bienveillance dans chacune des alcôves de son Mid90s, le manège n’a pourtant rien de champêtre. Il faudra voir les points de Lucas Hedges portés au visage de son frère, l’accident de Stevie, et la virulence des mots flanqués à sa mère. 16 mm nostalgique et un format 4:3 de VHS, on se croirait sur MTV. Jonah Hill dévoile une fable générationnelle tendre et émouvante. Une belle proposition de cinéma, un propos maintes fois ressassé, des émotions bien connues, mais un long-métrage qui trouvera une place très honorable parmi les fresques sur l’enfance.

En bref !

Il aura fallu 15 ans de carrière face caméra et 3 années d’écriture pour accoucher enfin de Mid90s, première réalisation de Jonah Hill. L’acteur signe une œuvre profondément personnelle et inspirante. Un classicisme nostalgique pour un conte initiatique en skateboard dans le Los Angeles des années 90.

02.04.2024

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Boyhood”

Dans le Los Angeles estival des années 90, Stevie, 13 ans, rêve d’échapper à la morosité de la maison et d’intégrer une bande de skateurs plus âgés.

A ses yeux, la chambre immaculée de Ian est une caverne d’Ali Baba inaccessible : posters héroïques, CD et cassettes, magazines de sport, banc de musculation… En y entrant, Stevie enfreint la loi imposée par son aîné au risque de subir une pluie violente de coups. Son frère brutal est certainement plus malheureux que lui. Quant à leur mère célibataire, sa bonne volonté et les histoires de cœur qu’elle partage maladroitement, ne sont pas d’un grand secours. Reste le skate, véritable planche de salut.

Ambiance rétro, image au carré et montage calé sur les rythmes musicaux d’une époque où Internet, les médias sociaux et téléphones intelligents n’avaient pas encore envahi les espaces ni corrompu les esprits. Seul un morceau de bois sur 4 roulettes suffisait pour s’évader des journées entières.

L’acteur comique Jonah Hill insuffle le souvenir mélancolique de ses premières fois dans ce premier film oscillant discrètement entre simplicité, sensibilité et sincérité. Se reconnaît-il en Stevie, mascotte émouvante malmenée par la vie, ou en Fourth Grade l’introverti qui finit par s’exprimer caméra au poing ? Sans doute les deux.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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