Toy Story 4 Etats-Unis 2019 – 100min.

Critique du film

Un hymne chanté à la gloire des jouets affranchis

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

C’était en 1995, le directeur artistique de Pixar John Lasseter, nous dévoilait la vie secrète de nos jouets préférés dans Toys Story. Premier métrage du studio éclairé à la Luxo, un conte initiatique, une perle d’innovation numérique et l'entame de deux décennies créatives fabuleuses. 24 ans plus tard et après 3 volets au cinéma, Josh Cooley succède à Lee Unkrich et Toy Story 4 est un sequel très agréablement réussi.

Les années sont passées, même pour Andy qui a bien grandi, et les jouets, emmenés par Woody et Buzz l'Éclair, appartiennent désormais à Bonnie. Alors que la jeune enfant s’acclimate non sans peine à l’école maternelle, elle crée un jouet inattendu : Forky. Devenu son compagnon favori, la promotion n’est pas du goût de tout le monde, et Forky, ancienne fourchette de taboulé décorée sur le tard, traverse une crise existentielle. Alors quand les parents de Bonnie partent en road-trip et que Forky échappe à la vigilance des autres jouets, c’est une aventure édifiante qui s’annonce sur les routes des État-Unis.

Enchanté par la critique outre-atlantique, Toy Story 4 a engrangé 118 millions de dollars de recettes dès son premier week-end d'exploitation au box-office nord-américain, le sequel fait littéralement un carton. Nostalgie d’un temps pas si lointain, quel plaisir insatiable que de retrouver la troupe (et les voix) à l’écran, et ce malgré la vase de sequels et reboots en tout genre. Un peu de craft et des gommettes, deux yeux, une bouche et - Shazam ! - un nouveau jouet est né: Forky. La jeune Bonnie incarne cette Force créatrice qui disperse aux vents du monde des êtres doués de conscience. Jadis un objet à l'obsolescence programmée, sorte de Keanu Reeves de la semoule, la fourchette à taboulé Forky est devenue l’élue de Bonnie. Dès lors, il lui faut accepter l’irrationalité de son sort : «Qui suis-je? - Où vais-je ? - Dans quel taboulé ?». Et c’est Woody qui se charge d’essuyer les plaintes de sa crise existentielle.

Rocambolesque voyage en camping-car sur fond de retrouvailles, il souffle un vent de liberté sur Toy Story 4. Pour vous ravir, les éternels Tom Hanks et Tim Allen dans un univers remarquablement pensé par Josh Cooley et ses équipes. Un conte initiatique fidèle aux écuries Disney/Pixar, le métrage parle d’émancipation et approche l’idée de l’existence à usage unique, effleurant, au passage, le sublime The Rider de Chloé Zhao. De Woody et sa troupe, fantassins du bien être de leur nouveau propriétaire, à Forky, en passant par le très attachant Duke Caboom, (cascadeur handicapé d’un défaut de fabrication interprété par Keanu Reeves), voir Gaby Gaby (cette poupée qui cherche vainement à réparer son système vocal), ou la peluche Bunny (à laquelle Jordan Peele prête sa voix) , Toys Story 4 est un hymne chanté à l’amour et à la gloire des jouets (et des êtres) affranchis.

Affranchie elle aussi, elle était une lampe autrefois, mais aujourd’hui la bergère de porcelaine Bo Peep (Annie Potts) est une sorte d'héroïne à la Mad Max. L’amazone viendra aussi en aide au sauvetage de Forky. L’époque a changé, les Action Man et autres G.I. Joe sont obsolètes (d’ailleurs on ne leur sert plus la main), et le parcours de Bo nous rappelle, et bien qu’en la matière Pixar ait toujours fait preuve d’une certaine avance, que Toys Story 4 s’enrobe aussi de plus d’inclusivité. D’ailleurs, la famille de Bonnie et leurs origines mexicaines sont un élégant clin d’oeil au majestueux Coco de Lee Unkrich. Et jusque dans son grand final, Toys Story quatrième du nom allie modernité et valeurs universelles.

En bref

Après 10 années d’absence la vitalité de Toys Story est intacte. Porté par un casting vocale de haut vol, Toys Story se dore d’une envolée initiatique fidèle à Disney/Pixar. Innocent, proche de l’enfance, si moderne et d’une justesse imparable, Toys Story 4 est de ces grands contes qui émerveillent et pour longtemps.

25.06.2019

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Le haut de la fourchette”

Woody et ses amis fidèles appartiennent aujourd’hui à la petite Bonnie. Lors de son premier jour à la maternelle, la fillette esseulée bricole Forky à partir d’une fourchette usagée. De retour à la maison, ce personnage saugrenu peine à croire en lui.

Toy Story remet le couvert, neuf ans après un troisième volet conclusif. On pouvait craindre le trop ou la redite inutile, mais la magie opère toujours. Après avoir évoqué les premiers chapitres de la série en une subtile séquence, les questions existentielles se succèdent. Fourchette en plastique issue d’une poubelle, Forky n’a de cesse de vouloir y replonger, se définissant comme un déchet. Ses élans quasi suicidaires interrogent l’intérêt d’un vécu quand on vient du tréfonds. Quant à la bergère Bo, elle est devenue une Amazone indépendante. Sa liberté vaut-elle plus qu’un enfant que l’on accompagne, protège et voit grandir ? Le reste de l’aventure est plus attendue, moins profonde, parsemée de péripéties et courses poursuites programmées. Mais l’humour, l’intelligence et l’émotion suscitée dominent le débat, permettant à la saga d’occuper une fois encore le haut du coffre aux jouets animés. Et quand un au revoir résonne comme un adieu, on se surprend d’avoir le coin de l’œil légèrement humide.

7.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


vincenzobino

il y a 5 ans

4.5: Génération Woody
Andy étant universitaire, c’est dorénavant chez Bonnie et ses parents que Woody, Buzz et Cie sont logés. Mais lorsque la petite fille entre a la maternelle et fabrique un jouet à partir d’une fourchette, et que ses parents decident de partir en week-end près d’une fête foraine, de nouvelles aventures se dessinent pour notre équipe.
Le voici donc ce final annoncé de la saga phare de Pixar qui nous aura fait rêver le temps d’une génération. Un final en apothéose.
La première séquence s’ouvre sur un élément omis du second film et il va avoir un lien fil rouge. Puis l’on revient au présent où Bonnie, à son tour en âge d’entrer à la maternelle va se créer un nouvel ami. Et très vite, la crainte de voir un copier-coller de l’acte 3 se dissipe avec le départ en vacances. Avec ses péripéties et surtout une retrouvaille. Avec également de nouveaux personnages ludiques dont un casse-cou hilarant et un méchant peut-être pas aussi marquant que son prédécesseur ours. Mais le message du film est tout autre.
On pourrait tout en riant de bon cœur trouver les péripéties répétitives mais elles aboutissent sur un final virtuose encore plus fort que le 3 et si comme moi vous avez grandi ces 23 années en compagnie de nos héros, vous allez avoir une toute belle émotion sur le final signifiant vraiment la fin d’une génération, mais pas forcément celle d’une aventure et les deux hilarantes séquences post-générique pourraient le confirmer.
Animation toujours impeccable et donc, à recommander vivement...Voir plus


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