Us Etats-Unis 2019 – 116min.
Critique du film
Donne-moi ta main et prends la mienne
En 2017, le comédien Jordan Peele surprenait tout le monde en mettant au monde le génial Get Out, un excellent film d’horreur et intelligent en plus d’être le tout premier film de son réalisateur. Les attentes étaient donc au plus haut en ce qui concerne ce nouveau Us, nouveau cauchemar dans lequel une famille se retrouve confrontée à ses doubles maléfiques.
Us est malheureusement une amère déception, et en premier lieu car le film s’avère très ordinaire dans sa globalité mais montre, au détour de quelques scènes, qu’il aurait pu être capable du tout meilleur. On pense à une scène absolument jouissive avec le fils Jason face à son double autour d’une voiture, ou encore à l’incroyable séquence prologue. Deux scènes qui jouissent particulièrement du travail très reconnaissable de Michael Gioulakis, le chef opérateur révélé par le ô combien cinégénique et merveilleux It Follows.
Mais en dehors de ces séquences, et quelques sympathiques photogrammes vers la fin, Us est désespérément normal. Point crucial de Get Out, le fond politico-social si pertinent est ici quasi-absent, réduit à un vague élément de contexte sur un carton introductif. Clairement, l’idée ici est de livrer un cauchemar du quotidien comme a pu le faire brillamment La Quatrième Dimension, mais Us n’a pas assez d’imagination ou de folie pour y parvenir, et quitte à jouer au jeu des doubles, autant revoir The Thing ou Dead Ringers.
Le fait que le coeur du film soit un (double) home-invasion tout ce qu’il y a de plus banal en dit long d’ailleurs à ce sujet. Tout y paraît vieillot, daté, à commencer par les vilains jumeaux eux-mêmes, dont le traitement laisse franchement perplexe. La faute à une forme d’outrance assez convenue, de la voix de Lupita Nyong’o aux déplacements et grognements d’Evan Alex, à globalement leur manie à tous de sourire en écarquillant les yeux pour espérer faire peur.
Us achève de mortellement frustrer en refusant quasiment toute violence graphique, et surtout... en annulant ses propres menaces. Des choix qui pèsent lourd pour un film dit d’horreur. Sans spoiler, après une scène de bateau, on comprend très vite qu’il n’y a pas grand-chose à craindre des méchants et que les gentils bénéficient d’une cape d’invulnérabilité en peau de scénario hollywoodien familial à l’humour dédramatisant. Ce même scénario qui finira d’ailleurs par dénaturer la maigre tentative d’abstraction cauchemardesque dans son dénouement, à grand coup de logique et d’explications du plan machiavélique, aussi encombrantes que classiques . Rendez-nous Austin Powers et son « rayon » « laser ». En bref !
Jamais effrayant, jamais violent, et à peine dérangeant, Us est un petit échec d’horreur parfaitement oubliable, bien en dessous de son aîné à tout point de vue.
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Commentaires
“De l’autre côté du miroir”
En 1986, la petite Adélaïde s’égare dans un parc d’attractions et en ressort traumatisée. Des années plus tard, devenue épouse et mère, elle revient dans la région pour les vacances avec sa famille. Un soir, tard, son garçon lui signale la présence de 4 silhouettes menaçantes se dressant dans l’allée de leur maison.
La mise en place est intrigante : l’empire US dissimulerait dans ses bas-fonds des milliers de souterrains laissés à l’abandon. Galerie des glaces et lapins blancs, Alice traverse le miroir pour se retrouver au pays de la terreur. Les clins d’œil aux Dents de la mer et Funny games de Haneke participent à la pression atmosphérique. L’orage gronde au loin, sans qu’il n’éclate véritablement.
La question d’un plausible sentiment de culpabilité éprouvé par des Afro-Américains ayant oublié leurs racines pour vivre un rêve qu’on leur refuse encore méritait d’être approfondie. Jordan Peele préfère évoquer la possibilité d’un grand remplacement conduit par des gilets rouges. Le tout baigne dans du gore pas très net, rappelant les séries Walking dead ou pire American Nightmare. Même pas peur ! Scénario fragile, secret de polichinelle, esbrouffe et humour plat pour le papa fier de Get out, qui ici s’en sort à grand-peine.
5/10
twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.com… Voir plus
Qui veut la peau de la famille Rabbit?
1986, Santa Cruz: la petite Adelaide se trouve sur une plage proche d’une fête foraine lorsqu’elle pénètre dans l’attraction Merlin, une sorte de miroir et y fait une étrange rencontre. De nos jours, Adelaide, son époux Gabe et leurs deux enfants y reviennent pour passer des vacances. Mais il est des rencontres indélébiles et des souvenirs inoubliables qui peuvent refaire surface.
Le voici donc ce second opus du nouveau maître de l’horreur burlesque. Un retour flamboyant.
La première séquence et le texte introductif l’expliquant, on se demande bien sa signification durant la première heure et demie: la petite fille devenue mère se retrouve confrontée à son double. Mais d’où vient-il?
Peele a ce don scénariste rare de mélanger l’horreur fictive à l’horreur réelle. Et plus encore que Get out, la face sombre humaine en est l’illustration et Adelaide son porte-parole.
Le gore est essentiellement suggéré ce qui permet à Peele d’adresser son message d’alerte rare en ces temps de nombreux rassemblements et manifestations pour le climat ou autres libertés. Le réalisateur nous confronte à notre pensée par ses deux ultimes rebondissements servis par une magistrale Lupita N’yongo dont vous n’oublierez pas l’ultime apparition.
Hormis deux-trois petites longueurs dans sa première moitié, rien n’est à jeter dans cet espèce de clapier.
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