The Matrix Resurrections Australie, Canada, Allemagne, Etats-Unis 2021 – 148min.

Critique du film

La madeleine de Lana Wachowski

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Personne ne l’attendait, la trilogie flottait en Messi dans les mémoires néonoires du début du siècle et pourtant, Lana Wachowski revient pour conter le quatrième volet des aventures de notre cher et tendre Mr Anderson. Un nouveau métrage à la croisée des trois précédents où les souvenirs se mêlent et s’entremêlent. Alors, énième coup de génie ou simple objet pop ?

20 ans après les évènements de «The Matrix Revolutions», Thomas Anderson (Keanu Reeves) coule ses vieux jours dans les hauteurs de verre des bureaux de son éditeur de jeux vidéo à San Fransisco. Programmateur de génie, il est l’auteur acclamé du célèbre «Binary», un jeu vidéo qui plonge ses joueurs dans la matrice, et alors qu’un quatrième jeu est commandé, les frontières entre la fiction et le réel se mêlent à nouveau et bientôt Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II) réapparait.

Les trois précédents volets nous avaient appris une chose : la matrice est un multivers à la botte de son architecte et des programmes qui l’habitent, lesquels se distinguent du monde réel et de ses machines. Il y a quelques années, nous avions quitté Neo, aveugle, face aux sentinelles dans un duel biblique pour libérer la ville de Zion, et le verdict paraissait sans appel. Mais voilà qu’il revient d’entre les morts, avec des airs d’architecte à la place de l’architecte. Keanu Reeves rendosse le costard du programmateur du premier volet, recroise la route d’un lapin façon Lewis Carroll. «Welcome back to the real world» entendra-t-on! Pourtant, Lana et Lilly avaient conclu la trilogie et refuseront des années durant les avances de la Warner, alors que s’est-il passé ?

Matrix a toujours été intimement lié à l’histoire personnelle de ses réalisatrices. Une fable philosophique, un triptyque (naissance, vie et mort), une vision de l’oppression des peuples, de leur libération, et de la transidentité à l’aube d’un siècle digital. Alors pour comprendre «The Matrix Resurrections», il faudra écouter les confessions de Lana Wachowski au festival de littérature de Berlin en 2021. La cinéaste y confie le décès brutal de ses deux parents et d’un ami proche. Quatrième installation de la franchise et sequel de «The Matrix Revolutions» (2003), ce nouveau volet permet à la cinéaste d’entamer un processus de deuil en ramenant des êtres chers : Neo et Trinity. D’ailleurs, souvenez-vous, s’il est un endroit qui permet de s’affranchir de l’immuable fragilité des êtres, c’est bien la matrice.

Ainsi Lana navigue en solo, et nous parle d’un Néo névrosé, de ses thérapies avec un curieux Neil Patrick Harris, de la commande d’un nouveau jeu vidéo et de Carrie-Anne Moss qui ne le reconnait (presque) plus. Et vous voilà dès le générique replongé dans cette atmosphère si singulière. Sorte d’histoire dans l’histoire un peu méta, il y a un charme indéniable à les revoir à l’écran. Un déjà-vu gigantesque, un peu attendu, mais parfaitement assumé, où se croisent notamment une étonnante ré-amplification du phénomène Morpheus, incarnée par Yahya Abdul-Mateen II, une Jada Pinkett Smith vieillie et d’autres curiosités très Matrix pour faire bondir la fan-base.

Coupable d’avoir créé un objet culte en 1999 avec sa sœur, pas sûr que la résurrection ne soit aussi visionnaire que ses ainés. Lana Wachowski ressuscite, beaucoup, un peu trop peut-être, à l’orée de l’hommage vitrine. Pourtant, il y a une maîtrise évidente de son art et de son sujet. Ni passéiste, ni véritablement original; jusque dans son final, «The Matrix Resurrections» livre certainement le volet le plus complaisant de la saga. De quoi alimenter la bave de ses pourfendeurs, mais le monde a changé et Matrix aussi. Il fait bon vivre parfois auprès de nos animaux fantastiques. Alors, il faudra apprécier «The Matrix Resurrections» pour ce qu’il est, une course contre le temps à la reconquête de ses êtres chers.

21.12.2021

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Ex machina”

Thomas Anderson est aujourd’hui concepteur de jeux vidéo à San Francisco. Avec son associé Smith, il a créé la trilogie Matrix devenue un succès planétaire. Mais l’homme demeure inquiet et marqué par des sensations étranges qu’il tente de comprendre auprès d’un analyste.

Néo est mort, vive Néo ! L’Élu est donc ressuscité. Il y a un plaisir nostalgique à le retrouver 20 ans après dans une introduction rendant hommage à ses débuts. Un air de « déjà-vu » mêlant lunettes noires, pilule rouge ou bleue et lapin blanc. Des acteurs ont en remplacé d’autres, Carrie-Anne Moss est mère de famille et Keanu Reeves a désormais la gueule de John Wick. Les piques méta envoyées en passant sur les suites et resucées hollywoodiennes amusent beaucoup. Cette mise en place et en abyme fonctionne.

Mais de l’autre côté du miroir, le labyrinthe vert et chiffré nous égare dans des recoins mêlant discours emphatiques et actions peu originales. Si les bombes humaines suicidaires impressionnent, l’abus des ralentis inesthétiques déçoit. Les effets qui révolutionnèrent l’histoire du cinéma à l’époque sont les mêmes aujourd’hui.

Les fans de la première heure s’abreuveront des références multiples pour développer davantage encore leurs théories sur la réalité virtuelle et ses conséquences existentielles. Quant au spectateur lambda, il devra se contenter du message d’amour triomphant : au nom de la Matrice, du Fils et de la Sainte Trinité.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


Shay

il y a 2 ans

Plus qu'un avis sur l'œuvre je tiens à avertir les personnes qui souhaiteraient le voir en 4DX.
Je suis allé voir plusieurs sorties de blockbusters en 4DX, le dernier en date étant "Dune".
L'expérience a toujours été plaisante et ça rajoute un petit plus à l'immersion qui justifie pour moi d'aller voir en salle certains films.

Ça n'est pas le cas de Matrix Resurrections, il s'agit vraiment d'une expérience mal adaptée.
Premier point noir, le film n'est pas diffusé en 3D (ah !). On peut donc déjà retirer une dimension à 4DX, ça pourrait être intéressant d’indiquer précisément ce détail sur leur site ? (Pathé)
Bref même sans la 3D ça pourrait passer mais vient ensuite les mouvements de siège ou plutôt la séance de torture.
Pendant toutes les scènes d'actions les mouvements des sièges sont bien trop exagérés, au point que les scènes deviennent illisibles et la séance très inconfortable, je sentais encore les coups dans le dos le soir en me couchant. Je ne sais pas si les exploitants peuvent « régler » la puissance des mouvements mais ça n’apportait absolument rien au film. Vraiment à éviter de toute urgence, aller le voir de toute la manière possible mais pas celle-là.

Le film est bien.Voir plus


vincenzobino

il y a 2 ans

3.5: Wonder Woman
Thomas Anderson n’est plus Neo, du moins plus dans sa réalité : il est devenu concepteur d’un jeu vidéo inspiré de ses aventures, dont il n’a plus le moindre souvenir. Lorsqu’il rencontre Bugs, l’un des personnages de son jeu qui semble extrêmement inquiet car les deux mondes pourraient être menacés, et dont la mission est de retrouver Trinity, une nouvelle consommation de pilules pourrait être nécessaire.
La voici donc cette étrange résurrection annoncée que j’ai d’abord considéré comme une sorte de poisson d’avril avant de comprendre que non. Du coup le scepticisme d’alors laissait place à une certaine curiosité. Au final je reste légèrement sur ma faim.
Les premières notes musicales nous replongent immédiatement dans le vif du sujet et de nouveaux visages se présentent très vite à nous: des visages semblant faire partie d’un univers inter-générationnel qui sont à la recherche de noms et visages connus.
L’idée de mêler ces deux générations était excellente et, une fois que l’on connaît le pourquoi du projet de Lana et sa vision davantage féministe logique, amplifiée notamment par Jada Pinkett Smith, on ne peut que comprendre son fond.
La forme est en revanche un peu plus contestable : si l’introduction excellente destinée aux nostalgiques est plutôt bien illustrée, la seconde partie plus expérimentale est beaucoup trop longue malgré un univers visuel virtuose qui ne compense pas un manque d’intensité.
Il faut attendre la troisième partie et le retour aux affaires des anciens pour véritablement vibrer, avec l’originalité d’un nouvel ennemi et d’un autre rôle pour les machines. Avec pour les fans de la trilogie un magnifique cadeau final et avec un rythme beaucoup plus adapté à ce que l’on pouvait s’attendre.
L’expérience grâce à ce final se laisse donc voir et séquence après le générique illustratrice de cette fébrilité de génération.Voir plus


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