20 000 espèces d'abeilles Espagne 2023 – 129min.
Critique du film
Des abeilles pour faire famille
Depuis son passage à la Berlinale 2023, le drame d’Estibaliz Urresola Solaguren ne cesse de briller dans les festivals internationaux : prix d’interprétation à Berlin pour sa jeune actrice principale Sofía Otero, plusieurs prix aux Goya et que d’éloges pour l’ensemble de ses actrices. Si le film verse parfois dans le mélodrame convenu, sa manière de parler de la transidentité est à saluer.
Lucía (Sofía Otero), une fillette trans de 8 ans, vit à Bayonne avec ses parents et ses frères et sœurs. Les tensions qui ébranlent la famille, notamment la recherche d’emploi de sa mère sculptrice Ane (Patricia López Arnaiz), et sa séparation future avec son mari Gorka (Martxelo Rubio) prennent une nouvelle tournure lorsque la famille part en vacances dans leur village basque espagnol natal. Au contact de sa grand-tante apicultrice Lourdes (Ane Gabarain), Lucía va réussir à affirmer son identité face à sa famille.
Pour son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice espagnole Estibaliz Urresola Solaguren a choisi de suivre les dynamiques relationnelles entre différentes générations de femmes d’une même famille, et leurs réactions face à l’exploration de la jeune Lucía de son identité de genre. Didactique dans son sujet, «20 000 espèces d'abeilles» est néanmoins très juste dans sa représentation de la dysphorie d’une enfant, et ce grâce aux recherches préalables de la réalisatrice auprès d’associations concernées. Cela est d’autant plus important que les droits des personnes trans, surtout mineures, sont de plus en plus attaqués sur le plan politique.
Alors que «20 000 espèces d'abeilles» risquait d’être écrasé par son thème principal, voire de verser dans le misérabilisme et la violence comme «Tomboy» (2011) avant lui, il n’en est rien. Car le point de vue de Lucía, brillamment interprétée par Sofía Otero, est contrebalancé par celui des femmes de son entourage, aux proies à leurs propres questionnements. Néanmoins, la répétition des scènes de conflits, aux dialogues pseudo-naturalistes, et la durée de l’œuvre alourdissent le propos. Malgré quelques beaux plans dans la nature ou encore dans un centre commercial, on finit par étouffer dans ces décors resserrés. Quant à la métaphore des abeilles, elle s’essouffle bien vite.
Sans doute que «20 000 espèces d'abeilles» marquera moins le public par sa mise en scène, très conformiste, que par le talent de ses principales interprètes et surtout par son message vital adressé aux familles : écoutez et soutenez vos enfants.
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