Anatomie d'une chute France 2023 – 152min.
Critique du film
Dans le labyrinthe de la vérité
Avec Anatomie d'une chute, Justine Triet s'impose comme une valeur sûre du cinéma français. De son côté, Sandra Hüller, aussi dans le convaincant The Zone of Interest de Jonathan Glazer, brille une nouvelle fois dans le rôle principal de ce long-métrage, Palme d'or à la 76e édition du Festival de Cannes.
Sandra (Sandra Hüller), écrivaine allemande, vit en France dans un village de montagne près de Grenoble. Son mari, Samuel, travaille désormais principalement comme enseignant et leur fils, Daniel, est devenu aveugle à la suite d'un accident. Un jour, Samuel est retrouvé mort dans la neige après être tombé d'une fenêtre. La thèse de l’accident semble improbable et les indices sont insuffisants pour supposer un suicide. Sandra, alors suspectée d’homicide, se retrouve devant les tribunaux. Soutenue par son ami et avocat (Swann Arlaud), elle se voit interrogée sur son mariage et sur son image de femme.
Écrit en collaboration avec Arthur Harari, Anatomie d'une chute de Justine Triet s’autorise des emprunts à l’univers hitchockien. Pourtant, le long-métrage s’éloigne du thriller pour devenir fondamentalement un drame relationnel et judiciaire et observe avec précision les multiples facettes de l’histoire. Et chaque minute est plus passionnante que la précédente, grâce à un va-et-vient complexe et subtil entre vérité et perception. Avec raison, la cinéaste s’appuie entièrement sur le talent de son actrice principale, avec laquelle elle avait déjà collaboré pour Sibyl en 2019.
Car Sandra Hüller, en anglais et en français, porte à elle seule la totalité du film et livre une performance magistrale dans la peau d’une femme bien difficile à cerner. Si ce n’est pas sa première participation au Festival de Cannes, son jeu percutant mérite ici, à coup sûr, d’être récompensé.
(Cannes 2023. Traduit de l'allemand)
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Commentaires
Je ne suis pas fan des films intimistes, (donc mon opinion est certainement biaisée), mais les chiffres du box office ont éveillé ma curiosité.
Le rythme traînant, les silences et l'atmosphère pesante ne m'ont jamais fait entrer dans l'histoire de ce fait divers pourtant passionnant en lui-même.
Le twist est génial et rien que pour ces 10 dernières minutes de ce (trop) long métrage je ne regrette finalement pas mon billet. Sandra Hüller est remarquable.… Voir plus
“Autopsie d’un couple”
Le mari de Sandra a été retrouvé mort au pied de leur maison, vraisemblablement victime d’une chute. Reste à savoir s’il s’agissait d’un accident, d’un suicide ou d’un meurtre. Le procès qui s’engage devra le déterminer.
La première scène plante le décor. Un chalet isolé, de la neige, une balle qui descend seule les escaliers avant qu’une mâchoire animale ne la rattrape avidement. Les codes de l’horreur sont à l’honneur avant d’être détournés pour identifier un couple. Elle, écrivaine reconnue, est interviewée par une étudiante désireuse de consolider son sujet de thèse. Lui, invisible à l’étage, marque sa présence par une musique envahissante mettant ainsi un terme à la rencontre enivrante entre les deux femmes. Tout est dit ou presque sur cette relation fragilisée par le déséquilibre. Accident, culpabilité, problèmes financiers, jalousie, frustration, tromperie, dépression, violence… Des éléments à charge que l’avocat général, adversaire féroce, n’hésitera pas à disséquer pour accuser l’épouse. Celle-ci se défend comme elle le peut, jonglant avec la langue française qu’elle ne maîtrise pas, obligée de dénuder sa vie, son mariage, devant les jurés, les médias, et son fils. Mais qu’il est difficile de lutter contre un fantôme, voilé comme le souvenir.
Malgré quelques longueurs et une certaine froideur, la Palme d’or est une déconstruction intime et ingénieuse d’un personnage féminin incarné avec force par l’Allemande Sandra Hüller. Choix judicieux, car son visage atypique se laisse difficilement lire et son accent lui apporte une étrangeté. Quant à l’héroïne qui porte son prénom, son métier est par essence l’altération de la réalité par la fiction. C’est donc à l’enfant lumière d’éclairer ce monde où plane l’ombre d’un doute. Extralucide au regard aveugle, celui-ci marque le temps qui passe par le morceau qu’il apprend à jouer au piano. Accompagné d’un Border Collie épatant – également récompensé à Cannes –, il découvre le corps ensanglanté du père. Puis, au risque de sacrifier son plus fidèle compagnon, le garçon tient entre ses mains le destin de sa mère. Ici naît le vertige.
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(7.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
Tous les acteurs sont excellents! Même le chien qui tient un rôle important dans la trame du film. Mention spéciale à à Sandra Hüller qui a une palette d’émotions sidérante. Le film est un chouïa long.
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