Si seulement je pouvais hiberner France, Mongolie, Qatar, Suisse 2023 – 98min.
Critique du film
Miroir hivernal d’une réalité mongole
La réalisatrice Zoljargal Purevdash esquisse un portrait sensible de son pays dans son tout premier long métrage et le résultat est envoûtant. Alors direction la Mongolie avec «Si seulement je pouvais hiberner».
Il y a deux ans, le jeune Ulzii (Battsooj Uurtsaikh) et sa famille ont quitté la campagne pour s’installer à Oulan-Bator, la capitale, dans le quartier défavorisé des yourtes. Le jour où sa mère trouve enfin du travail hors de la ville, Ulzii refuse de la suivre et préfère rester sur place avec son petit frère Erkhemee (Tuguldur Batsaikhan) et sa petite sœur Tungaa (Nominjiguur Tsend). Élève brillant passionné de physique, il est déterminé à gagner un concours de science qui lui ouvrirait les portes d’une éducation supérieure. Mais les hivers à Oulan-Bator sont rudes et l’adolescent doit se remettre en question pour subvenir aux besoins de sa famille.
C’est paré de tenues typiquement mongoles que les trois jeunes acteurs et actrices de «Si seulement je pouvais hiberner» ont foulé le tapis rouge de Cannes en mai dernier. Accompagnés de la réalisatrice, ils y présentaient fièrement leur projet en première mondiale et célébraient ainsi la toute première entrée mongole dans la Sélection officielle du festival. Porté par la beauté et la poésie de l’œuvre, le public se retrouvait transporté au cœur d’un pays et d’une culture encore rarement représentés à l’écran.
Intrigués, nous plongeons dans le quartier des yourtes d’Oulan-Bator, l’une des villes les plus polluées au monde. Plus de 60% des habitants de la capitale y résident, une population majoritairement défavorisée arrivée de la campagne. C’est là que la cinéaste Zoljargal Purevdash a grandi et vit. Également scénariste, elle capture superbement un extrait de la vie, illustration des difficultés et contraintes de ses concitoyens. Drame social, le récit accumule les obstacles sans pour autant tomber dans un pathos exacerbé. Le temps d’un hiver, nous suivons Ulzii, interprète avec fougue et fraîcheur par Battsooj Uurtsaikh. Le jeune acteur est magnétique.
Plus que les mots, la photographie de Davaanyam Delgerjargal témoigne des tourments de son protagoniste et capture majestueusement la beauté glaciale des paysages hivernaux. Agréablement, elle est appuyée par les compositions du Français Joahnni Curtet. Ethnomusicologue spécialiste du chant diphonique et de la musique mongole, il mélange savamment le moderne et le traditionnel pour refléter la dualité d’une ville et de toute une génération. Doucement, les vibrations propres à l’art vocal mongol du khöömii hypnotisent. Et les sens rassasiés, nous ne pouvons que savourer «Si seulement je pouvais hiberner».
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