Dans les années 70, la photographe Claudia Andujar documente la vie des Yanomami, indigènes de la jungle brésilienne, et se positionne comme défenseuse de leurs droits. «La vision de Claudia Andujar» est un documentaire touchant qui questionne l’idée du «sauveur blanc».

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Durant son enfance, Claudia Andujar a fui le régime nazi avec sa mère et se réfugie en Suisse. Du côté de son père, juif roumain, toute sa famille disparaît dans les camps de concentration. Une fois adulte, elle tente de prendre un nouveau départ et décide de se rendre au Brésil, où elle découvre la photographie et les Yanomami, un peuple indigène. Armée de son appareil photo, elle commence à documenter le quotidien de cette population menacé par la cupidité du gouvernement, la Ruée vers l'or et la déforestation.

«Au début, j'avais peur de Claudia», avoue une femme Yanomami d’un certain âge. Pourtant, la confiance s’est finalement installée et elle avait même laissé la photographe capturer son image sur la pellicule, malgré son inquiétude de ce qu’il adviendra de celle-ci après sa mort. Et c’est cette simple photographie qui a permis à Claudia Andujar de retrouver un sens à sa vie.

Avec son film, la scénariste-réalisatrice suisse Heidi Specogna brosse un portrait sensible de l’artiste. Depuis son arrivée au Brésil, jusqu’à aujourd’hui, la photographe, maintenant âgée de 92 ans, s’est aidée de plus de 60’000 photos pour tenter d’attirer l’attention de la scène internationale sur cette population indigène de la forêt tropicale et les menaces qui pèsent sur elle.

Et son art photographique a depuis inspiré une nouvelle génération de cinéastes autochtones engagé·es et prête à poursuivre la lutte, tout en s’affranchissant de l’aide de la population blanche. «Tes photos sont une main tendue qui touche l'âme des gens», dit-elle en hommage au travail d'Andujar. «Nos films sont comme une main qui se referme et forme un poing».

(Adapté de l'allemand)