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Le Théorème de Marguerite France, Suisse 2023 – 100min.

Critique du film

Anne Novion et le théorème du pathétique

Critique du film: Kevin Pereira

Présenté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes, «Le Théorème de Marguerite» est un film empêché. Le final, tourné à l’Université de Lausanne, fait certes sourire, mais c’est au fond bien peu de choses devant cette réalisation «clicheteuse», à l’écriture maladroite.

Brillante étudiante, Marguerite (Ella Rumpf) termine sa thèse en Mathématiques au sein de la prestigieuse ENS où elle est dirigée par le Professeur Werner (Jean-Pierre Darroussin), un pionnier dans son domaine. Le jour où l’étudiante doit présenter les fondements de sa recherche, une remarque de Lucas (Julien Frison), le nouvel assistant de Werner fraîchement débarqué d’Oxford, l’oblige à remettre en cause plusieurs années de travail. La jeune femme décide alors de tout quitter pour recommencer une nouvelle vie.

Qu’on le dise sans ambages : de ce «Le Théorème de Marguerite», peu, pour ne pas dire rien, ne mérite vraiment d’être épargné par le geste critique. À commencer par une caractérisation assurément trop chargée en stéréotypes pour que l’ensemble des personnages ne puisse exister par-delà du type ou du pur cliché. Marguerite, par exemple, apparaît comme la caricature du modèle « personnage premier de la classe » : elle rencontre de grandes difficultés de sociabilisation, n’existe que par et pour son projet de recherche, se fait humilier de façon complètement invraisemblable au réfectoire de l’ENS (on peine effectivement à imaginer la cantine de l’ENS chanter des chansons moqueuses à l’égard d’une élève brillante… l’ENS quoi…).

Les problèmes d’écriture, loin de se réduire à l’unique caractérisation, traversent également un scénario attendu et terriblement formaté. Pour preuve, la manière dont évolue la relation entre Marguerite et Lucas. D’abord présenté comme un rival odieux – c’est son commentaire lors d’un séminaire qui pousse la chercheuse à fuir la salle de classe, puis à tout arrêter –, Lucas se lie progressivement d’amitié – puis d’amour… ! – à Marguerite.

Peu inspirée, donc, au niveau de son écriture, la réalisation d’Anne Novion l’est également sur le plan visuel. Assez plate, la mise en scène de la cinéaste est peu marquante et adopte une facture très académique. Pire, les quelques idées qui détonnent de l’ensemble soulignent de façon pachydermique les enjeux des scènes. On pense particulièrement à toutes ces séquences où la chercheuse se perd dans d’innombrables calculs qui prennent vie à l’image par un travail de surimpression. On se croirait sur France 2.


(Cannes 2023)

21.09.2023

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 11 mois

“Echec et maths”

A la question posée, à savoir pourquoi elle aime tant les mathématiques, Marguerite répond : « Je ne pourrais vivre sans. » La doctorante est sur le point de présenter le résultat de ses recherches sur la conjecture de Goldbach. Mais une faille dans sa démonstration ébranle toutes ses certitudes.

Elle n’a rien d’une fille amusante, Marguerite, mais c’est une drôle de fille. Regard bas dissimulé derrière de larges lunettes, cheveux raides, sourire absent, elle sillonne en chaussons confortables les longs couloirs de Normale Sup’. Style automne-hiver Asperger. La voix royale lui semble tracée avant qu’un échec ne l’encourage à fuir jusqu’en « Chine ». Là s’ouvrent à elle d’autres horizons au contact d’une danseuse antithétique et du mah-jong, nouveau jeu de la dame. De quoi enfin révéler un personnage en manque de séduction.

L’effeuillage de la marguerite rappelle le parcours de Sophie récemment mis en scène par Frédéric Mermoud, électron féminin évoluant elle aussi dans un univers nombré dominé par le masculin et dont la place est remise en question par un revers. Les formules s’inscrivent à l’écran sans que l’on n’y comprenne rien, tels d’indéchiffrables hiéroglyphes. Rien de trop frustrant dans cette opacité lumineuse même si l’on aurait aimé en savoir davantage sur l’alignement stratégique des tuiles asiatiques. Fleur de couleur bleue, le film finit par s’essayer à l’amour en équation, craie blanche à la main et murs noircis de l’appartement. Une addition romantique dont la somme prouve au professeur aigri que les sentiments existent également en arithmétique et que compter, c’est bien, mais compter pour autrui, c’est encore mieux.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 11 mois


Eric2017

il y a 11 mois

Dans ce film c'est quelque soit le niveau de nos connaissance en mathématique c'est compréhensible pour tous. La trame est excellente et menée de mains de maître par un scénario et une mise en scène excellente. Jamais ennuyeux, toujours passionnant je n'ai pas vu passer les 100minutes. Ella Rumpf que je ne connaissais pas y est excellente, tout comme J-P Darroussin parfait dans le rôle du Prof Werner. Il y a aussi Julien Frison qui m'a fait penser un peu à Claude Rich. Bref un très bon film sur un sujet pas du tout évident à montrer à l'écran. (G15.11.23)Voir plus


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