Orlando, ma biographie politique France 2023 – 98min.
Critique du film
La nature flexible du genre
Philosophe et écrivain espagnol, Paul B. Preciado signe avec «Orlando» son premier long-métrage, une œuvre hybride, un film essai, pour explorer la question du genre.
Le personnage d'«Orlando», figure centrale du roman éponyme de l'auteure britannique Virginia Woolf publié au tournant des années 30, fascine le metteur en scène espagnol Paul B. Preciado. Comme ce personnage, et nombre d’individus, le réalisateur a, lui aussi, transitionné. Afin d'essayer d’exprimer ses sentiments et ceux de sa communauté, il entreprend de mettre en scène le roman de Woolf.
Issu de l'Angleterre du 16e siècle, le personnage d’Orlando et sa relation avec son genre fascinent le réalisateur : du jour au lendemain, au milieu du récit, il se transforme et passe d'une représentation masculine à féminine. Sous cette identité, elle continuera désormais sa vie. À la recherche de son Orlando, le cinéaste fait appel à une foule hétéroclite d’une vingtaine de personnes trans et non-binaires, de 8 à 70 ans, afin d’auditionner pour le rôle-titre.
Si le groupe se doit de suivre strictement le texte de Woolf, les interprètes intègrent également leurs expériences personnelles dans des échanges face à la caméra. Constitué d'une succession dense de témoignages individuels, le documentaire paraît au premier abord agréablement dynamique. Pourtant, peu à peu, la similarité des vécus pourra donner un côté répétitif.
Dans son film, l’écrivain et activiste espagnol Paul B. Preciado invoque des sujets autobiographiques. Pour ce faire, il fait appel à une distribution exclusivement non-binaire et transgenre qu'il utilise comme alter-ego afin d’exprimer les fragments de ses propres sentiments. L'accent est donc clairement subjectif et personnel, sans point de vue spécifiquement critique ou analytique.
Peut-être qu’«Orlando», le film, manquera d’une identité artistique plus aboutie pour donner à son sujet encore plus d’envergure. Or pour son premier passage derrière la caméra, c’est bien la beauté de diversité humaine qui touche. Une démarche qui lui vaut de repartir trois fois lauréat, dont le Teddy du meilleur film documentaire, de la dernière édition du Festival international du film de Berlin.
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