Solo Canada 2023 – 102min.

Critique du film

Une drag queen en perdition

Critique du film: Maxime Maynard

Pour sa troisième collaboration avec l’acteur Théodore Pellerin, la cinéaste québécoise Sophie Dupuis plonge dans le monde drag montréalais et offre une œuvre fabuleuse, pesante, mais colorée.

Artiste drag, Simon (Théodore Pellerin) se produit chaque semaine devant un public conquis. Le jour où un nouveau collègue, Olivier (Felix Maritaud), rejoint son club, une histoire d’amour intense naît entre les deux jeunes hommes. Mais le comportement manipulateur d’Olivier fait doucement surface, et Simon commence à perdre pied.

Alors que le débat sur les performances drag continue de faire rage sur le continent nord-américain, la réalisatrice Sophie Dupuis décide de déposer sa caméra dans ce monde coloré pour décrire les toxicités amoureuses. Lettre d’amour à cette communauté artistique, «Solo» est une célébration, appuyée par les costumes de Cédric Quenneville, les coiffures de Nermin Grbic et le maquillage Marie Salvado. Le contraste entre l’univers bigarré du monde de la nuit et la thématique particulièrement oppressante n’en est que plus marquante.

Sur le devant de l’affiche, Théodore Pellerin prouve une nouvelle fois son magnétisme et son talent. Après un détour en Europe devant la caméra du cinéaste suisse Lionel Baier dans «La Dérive des continents (Au sud)», puis aux États-Unis dans le fantasme horrifique «Beau is Afraid», porté par Joaquin Phoenix, le voilà de retour au Québec. L’acteur illumine l’écran de sa simple présente grâce à une magnifique performance qui sauve habilement des dialogues parfois à la frontière du risible.

Face à lui dans sa lente descente aux enfers, Felix Maritaud incarne Olivier. À une époque où le terme «gazlighting» – méthode d’abus mental – est régulièrement utilisé dans le monde anglophone, son personnage s’en fait la parfaite illustration. Ange puis démon, l’acteur français présente une performance terrifiante de réalisme qui s’ajoute à ses participations dans «120 battements par minute» ou encore «Jonas» pour confirmer sa place de nouvelle figure du cinéma queer.

Vainqueur du prix du meilleur film canadien au festival de Toronto et présenté aux ZFF dans la catégorie #masculinity, «Solo» est une plongée étouffante dans les tourments d’un jeune artiste, entrecoupée de performances drag particulièrement divertissantes et rythmée d’une bande originale terriblement prenante. Un cocktail dosé avec soin qui mérite d’être savouré.

(ZFF 2023)

04.10.2023

4

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