Le Panache France 2024 – 93min.
Critique du film
Différer pour mieux s’assembler
Adaptation libre d’un seul en scène, le nouveau film de Jennifer Devoldère nous dit l’histoire de Colin, un adolescent bègue de 14 ans. Son interprète, Joachim Arseguel, a la particularité d’être réellement atteint par ce handicap.
Colin déménage en province française avec sa mère, Giulia (Aure Atika). Dans sa nouvelle école, son problème de diction attire rapidement l’attention et les moqueries de ses camarades. Pour tenter de se départir de ce handicap, il fait le pari fou de commencer les cours de théâtre de M. Devarseau (José Garcia), le nouveau professeur de français de l’établissement. Au sein de cette école conservatrice, la pensée peu conventionnelle de cet enseignant chamboulera les structures en place.
Quand on parle d’un long-métrage comme Le Panache, s’arrêter trop longtemps sur des considérations esthétiques ne semble pas vraiment pertinent. On pourrait dire que fond et forme se conjuguent mal, se contredisent presque – l’un nous dit d’assumer ses différences et d’en faire une force, l’autre est tout ce qu’il y a de plus normé, conventionnel et impersonnel. Mais à quoi bon ?
Car ce n’est clairement pas l’objectif du film que de développer un langage esthétique qui lui soit propre, qui étofferait sa narration. Ici, cette composante est surtout pensée pour ne pas faire obstacle et laisser la place centrale aux performances des acteur·ice·s, à leurs émotions, ainsi qu’à notre immersion dans son scénario : l’histoire du chemin vers l’acceptation de soi, de ses singularités, comme une manière de trouver sa place. Alors le bégayement n’est ici pas traité ou analysé en tant que tel. Plutôt, il sert à différencier drastiquement Colin de ses camarades.
Dans ce long-métrage, les mentalités des personnages et relations sociales évoluent très rapidement et presque toujours dans la « bonne » direction. Outre l’aspect satisfaisant de ces changements express – voir des personnages évoluer, s’améliorer sans l’ombre d’un problème est l’un des plaisirs narratifs les plus forts – ces derniers sont peut-être trop nombreux et systématiques pour être vraisemblables.
Cela joue alors contre la crédibilité d’un film déjà entaché par des performances d’acteur·ice·s peu convaincantes : on pense surtout à celles des camarades de classe de Colin. Mais difficile d’en vouloir à ces jeunes comédien·e·s dont l’esprit de groupe est touchant et pour qui ce rôle est, pour la plupart, le premier au cinéma. C’est alors peut-être du côté de la qualité des dialogues qu’iels doivent réciter que se trouve le réel problème : ils sont, eux aussi, peu vraisemblables et parfois même agaçants, tant ils sur-explicitent les informations déjà présentes à l’écran.
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