Diamant brut France 2024 – 104min.

Critique du film

Plongée fascinante dans les entrailles de la téléréalité

Critique du film: Marine Guillain

Parmi les quatre cinéastes femmes en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Agathe Riedinger réalise un premier long métrage hypnotisant sur une adolescente qui se rêve star de téléréalité.

Son objectif ? «Devenir la Kim Kardashian française». Liane a 19 ans, elle vit à Fréjus dans le sud de la France avec sa petite sœur et leur mère défaillante. Pour échapper à sa condition et à un avenir qui ne lui dit rien, l’adolescente bimbo pimpée jusqu’au bout des ongles se concentre sur son rêve : être choisie comme candidate pour participer à l’émission «Miracle Island». Car, rongée par les blessures et la colère liées à une situation familiale compliquée, Liane a besoin de rêver. Et ce qu’elle connaît, c’est la téléréalité, les réseaux sociaux, les influenceuses, le monde virtuel du paraître. Lorsqu’elle reçoit un coup de téléphone de la directrice de casting de son émission fétiche, le graal n’a jamais été aussi proche. Mais après des essais à priori plutôt concluants, l’attente… qui n’en finit pas.

Alors que la nouvelle série «Culte», qui revient sur le phénomène «Loft Story», cartonne sur Prime Video, Agathe Riedinger propose avec «Diamant brut» un autre regard sur la téléréalité, monde qui à la fois fascine la réalisatrice et à la fois la terrifie, de par les valeurs qu’il véhicule (violence, hypersexualisation, culture du viol…). De tous les plans, la révélation Malou Khebizi façonne subtilement sa Liane, entre naïveté et maturité, entre douceur et rugosité, entre superficialité et spontanéité. Éprouvant un besoin viscéral d’amour et de reconnaissance, en quête d’ascension sociale et surtout de liberté, la jeune femme cache sa fragilité derrière un vrai culte du corps, parfaitement dans le moule pour plaire à la norme.

Si la réalisatrice choisit de ne pas juger, difficile de ne pas ressentir un certain malaise au fur et à mesure que l’on entre dans le film, notamment lors de la scène aussi dérangeante que crédible du casting de Liane. Conte contemporain incandescent, rageux, à l’esthétisme éblouissant, «Diamant brut» propose une approche habile pour dépeindre de manière hyperréaliste la surexposition médiatique, le consumérisme, le narcissisme et les dérives des réseaux sociaux, parvenant à aller au-delà des clichés superficiels auxquels est souvent réduit cet univers, et posant des questions qui trotteront encore longtemps dans la tête…

15.11.2024

4

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Lee Miller