Juré n°2 Etats-Unis 2024 – 114min.

Critique du film

94 ans et toujours «Impitoyable»?

Critique du film: Kilian Junker

Clint Eastwood, monstre sacré du septième art, remet le pied à l’étrier à plus de 94 ans pour nous offrir «Juré n°2». Un film de procès sous forme de thriller cruel, sacrifié par Warner qui ne l’a sorti que dans une cinquantaine de salles aux USA, le tout sans effort marketing. Un sabordage qui avait de quoi inquiéter…

Justin Kemp (incarné par Nicholas Hoult, dans lequel on ne peut pas s’empêcher d’entrevoir un alter ego d’Eastwood jeune), ancien alcoolique et très bientôt père, se fait convoquer en tant que juré. Un procès en apparence sans surprise – le meurtre d’une femme par son mari – mais dans lequel Kemp va se révéler bien plus impliqué qu’il ne l’aurait voulu. Et s’il était partie prenante dans la chute mortelle de cette femme? Nait alors un terrible dilemme qui pourrait bousculer son existence.

Sans grande surprise, «Juré n°2» n’est pas une œuvre qui va renverser les codes. D’un classicisme parfois ronflant, pas toujours subtil dans l’imagerie qu’il déploie et visuellement neutre, ce film de procès ne peut guère se gargariser de ses ambitions formelles et esthétiques. Pourtant, rapidement, le proto-Eastwood incarné par Hoult parvient à entrainer le spectateur dans son sillage jusqu’à l’intégrer au sein même du dispositif filmique : il quitte son confortable siège de cinéma pour prendre place aux côtés des jurés, de l’autre côté de l’écran.

Le film se referme en effet comme un piège à loup et sa mécanique imparable nous coince dans ce dilemme moral aporétique. Questionnant sur le rôle de la justice, passionnant en ce qu’il raconte de l’ethos humain, Eastwood ajoute une hagiographie de plus à sa galerie d’hommes ordinaires broyés par des situations extraordinaires, dans la lignée de plusieurs de ses récents films. En somme, une sorte d’«Anatomie d’une chute» à la sauce Eastwood sacrément bien menée malgré son classicisme parfois frustrant.

30.10.2024

3.5

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 15 heures

3.75: Jury coupable
Justin est appelé à être juré pour un apparent feminicide dont la victime aurait été écrasée et jetée sur un rocher sous un cours d’eau depuis une route. Le mari est sur le banc de l’accusé mais Justin découvre lors de la sélection des jurés qu’il était en réalité présent le soir du meurtre et avait même vu le couple se disputer. Aurait-il en pensant heurter un cerf commis l’irréparable??
Le voici ce retour d’Eastwood qui après l’épisode machiste visiblement raté, revenait sur ses propres bases en se plongeant dans un épisode de sa jeunesse, avec une certaine nostalgie imparfaite.
Il n’y a pas de recherche particulière d’émouvoir mais en situant le crime juste avant Halloween, il y avait une apparente allusion politique évidente. Et Clint nous dresse en effet une sorte de procès sur la sélection de jurés pouvant être plus qu’étrange, mais surtout sur les ambitions politiques, ici juridiques avec une procureur ambitionnant le poste de procureur d’Etat et pensant avoir l’affaire idéale pour y parvenir. Mais parfois certaines surprises vous prennent de court.
Pas de génie cinématographique particulier mais on ne s’ennuie pas durant cette plaidoirie habilement interprétée et surtout le verdict cinéma final pousse à un futur autre procès sur l’art de juger un innocent coupable et l’assumer. Et Eastwood le revendique parfaitement en laissant le spectateur... juger l’ultime séquence.
Se laisse donc tout à fait voirVoir plus


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