Megalopolis Etats-Unis 2024 – 138min.
Critique du film
La plus belle lettre d'adieu de l'histoire du cinéma
Une chose est certaine, l'œuvre herculéenne de Francis Ford Coppola n'a laissé personne indifférente. Présenté en compétition Officielle à Cannes le 16 mai 2024, «Megalopolis» a remué la Croisette et la presse s'emballe. On décrypte.
Caesar (Adam Driver) est un architecte révolutionnaire. Avec ses idées utopiques, il souhaite permettre à la ville de New York de sortir d'une crise gigantesque en la transformant en une cité technologiquement avancée avec des éléments de solarpunk. Face à lui, le maire Frank Cicero (Giancarlo Esposito) préfère les stratégies conventionnelles d'urbanisme et de reconstruction. Et entre les deux hommes: la fille de Cicero, Julia (Nathalie Emmanuel), qui est engagée dans une relation avec César, devra choisir son camp.
La cinématographie de Francis Ford Coppola ressemble à un véritable catalogue de classiques du cinéma et cinquante ans après «Le Parrain», le réalisateur porte le coup de grâce. Dans «Megalopolis», il invoque toutes les ressources de son œuvre, y compris 100 millions de dollars de fonds personnels. Son nom est une nouvelle fois promesse de grandeur puisqu'il est en passe de marquer l'histoire du cinéma.
Le fait que «Megalopolis» ait été en production pendant plus de 40 ans saute aux yeux. En effet, le film contient toute une littérature de concepts idéologiques qu'il nous semble pertinent de lister ici. Une démarche, certes, un peu atypique pour une critique de film, mais il nous semble que c'est la seule approche possible pour résumer en peu de temps le projet passionné de Coppola.
Un inventaire ou, tenez-vous bien, s'entre-choquent pêle-mêle une vision des Empires, des jeux de pouvoir, des tyrans et de leur déclin. «Megalopolis» parle en effet de l'Amérique, d'architecture, du système bancaire, de césarisme, de religion, de xénophobie, d'extase, de religion, de futurisme, de génétique, d'immortalité, de capitalisme, de science-fiction, et de contrôle du temps, passé et futur.
Bref, Francis Ford Coppola a mis le paquet et livre un pot-pourri d'idées dans une mise en scène, certes un peu pompeuse, mais que même un étudiant en trentième années d'école de cinéma n'a sans doute jamais vu. À cela s'est ajouté un moment unique dans l'histoire du festival de Cannes, et probablement dans l'histoire du cinéma tout court, lorsque le quatrième mur a été brisé en direct avec l'intervention, audacieuse et mémorable, dAdam Driver sur la scène de la salle Debussy du Palais des Festivals.
«Megalopolis» est donc un glaive à double tranchant du septième art : une œuvre colossale, baroque, époustouflante, bien qu'elle s'accompagne d'une surcharge mentale. Loin de laisser indemne, le long métrage en vaut néanmoins la peine tant une œuvre pareille n'a certainement jamais existé, et n'existera peut-être jamais plus.
(Cannes 2024. Adaptée de l'allemand).
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Commentaires
Bof bof bof …un magma de bien-pensance et redondant à souhait. Oui, le jeu d’acteur est plus que correct, les moyens en large et en travers plus qu’impressionnants… mais bon je me suis bien ennuyé car aucun mystère dans cette fresque USA au fort cliché !
4.5: Le Parrain du nouveau Monde
L’an 2024, New-York s’appelle New Roma et est dirigée par Ciceron, un maire désireux de maintenir une certaine autorité. Mais Crassus Cesar, architecte, rêve de bâtir Megalopolis, une cité accessible à davantage de monde... pour autant qu’ils survivent à un événement solaire que ce magicien en soi capable de suspendre le temps compte amener sur terre si son projet n’était pas suivi. Et lorsque Julia, fille du maire, tombe sous le charme de ce « Créateur » dont le décès de son épouse demeure un mystère, la révolution est en marche.
Le voici ce testament annoncé du maître du temps cinématographe qui choisit une vision de fin de cycle et de monde pour à nouveau nous marquer.
Rêve, illusion, réalité ??? La part de mystère va plus que nous égarer et ce combat politique sur la première heure ne manquera pas de nous intriguer: une cité fantôme, une épouse réelle ou imaginaire? En remontant plus de 100 ans de cinéma où Melies, Wyler, Friedkin et Donen entre autres sont illustrés, Coppola joue sur notre facilité d’interprétation rapide d’un événement pour nous transmettre sa vision sur le mal-être d’une certaine influence numérique et robotique et surtout terminer ce procès en soi par une véritable lettre d’amour d’adieu à double sens, personnel et publique à la fois. Et si vous avez suivi sa filmographie mais aussi sa biographie, vous serez forcément touché par ce message final.
Visuellement splendide, musicalement envoûtant tant classique que cabaret, un au-revoir qui une fois saisi est à recommander vivement...… Voir plus
Dernière modification il y a 1 mois
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