Mexico 86 Belgique, France, Mexique 2024 – 89min.

Critique du film

Bérénice Bejo, activiste et mère en pleine guerre civile

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Pour son deuxième long-métrage, Cesar Dìaz était de passage sur la Riviera tessinoise, aux côtés de Bérénice Bejo. L'occasion pour le cinéaste belgo-guatémaltèque de conjuguer son histoire personnelle à celle du Guatemala.

En 1976, et en plein guerre civile, Maria (Bérénice Bejo), tout juste mère et activiste opposée à la junte militaire, voit son conjoint se faire abattre sous yeux. Par sécurité, elle prend alors la terrible décision de s'enfuir sous une nouvelle identité vers le Mexique et de confier son nouveau-né à sa mère (Julieta Egurrola). Dix ans plus tard, Marco (Matheo Labbé) souhaite la retrouver, alors la famille se réunit dans la plus grande prudence. Or Maria poursuit ses actions avec Miguel (Leonardo Ortizgris). Et bientôt, il est trop dangereux pour elle de continuer la lutte tout en prenant la charge de son fils. Il lui faudra faire un choix.

Trame de fond historique de son précédent métrage, la guerre civile guatémaltèque dans les années 80 hantait déjà les protagonistes de ​​«Our Mothers», film récipiendaire de la Caméra d’or à Cannes en 2019. Dévoilé sur la Piazza Grande de Locarno, «Mexico 86» emprunte à ce même chapitre de l’Amérique centrale pour nous conter un récit inspiré du parcours de sa mère. Elle aussi avait quitté sa patrie pour se mettre en sécurité au Mexique, laissant son fils, Cesar Dìaz, avec sa grand-mère.

Comment différencier une mère de cœur d’une mère biologique? Comment une mère et un fils séparés dès l’enfance peuvent-ils encore créer une relation au-delà d’une simple entente? Et comment concilier valeurs morales, lutte politique et vie familiale? Autant de questionnements sur la maternité et la filiation que Bérénice Bejo incarne avec force, fragilité et aplomb. L’œil profond, la mine basse et alors qu’elle multiplie le ballet de perruques et d’identités, la performance de l’actrice, dont les parents ont rejoint la France pour fuir la dictature militaire en Argentine, s’appréciera aussi à l’aune de ce singulier parallélisme familial.

Dans «Mexico 86», peut-être que l’urgence du récit prend le pas sur l’inventivité narrative. Cesar Dìaz dévoile néanmoins un thriller politique haletant livré avec tendresse et une véritable sincérité. Les échanges entre le jeune Matheo Labbé et Bérénice Bejo comptent parmi les instants les plus touchants du métrage. Essentiellement raconté du point de vue de Maria, le film raconte la chevauchée d’une femme mue par ses convictions. «Mexico 86» révèle aussi l’étude d’un cinéaste qui exhume les archives parentales et ses propres énigmes. Et le public de se faire l’aimable témoin de cette introspection finalement très universelle.

(Locarno 2024)

14.08.2024

4

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