Miséricorde France, Portugal, Espagne 2024 – 103min.

Critique du film

Teorema dans la campagne

Critique du film: Eleo Billet

(Re)connu pour L'inconnu du lac (2013), Alain Guiraudie propose, avec Miséricorde un thriller sur le désir et sa puissance destructrice. Passé par Cannes, puis au NIFFF, le film doit beaucoup à sa distribution, et en particulier l'acteur Félix Kysyl.

Après une décennie d'absence. Jérémie (Félix Kysyl) revient dans le village où il a grandi. Il y retrouve Martine (Catherine Frot) une veuve qui tenait la boulangerie, avec son mari. En s'invitant chez elle, il provoque la colère de son fils Vincent (Jean-Baptiste Durand). La tension monte alors. Car le séjour prolongé de Jérémie confronte les villageois à leurs désirs et secrets, notamment le prêtre (Jacques Develay).

Jérémie, enfant du pays au passé trouble, revient dans le Massif Central pour l'enterrement de son ancien patron, le mari de Martine. On n'en saura pas davantage sur son passé. Alors pourquoi Jérémie est-il traité comme un rebut, par Vincent le premier, qui l'accuse de vouloir coucher avec sa mère ?

Dans ce climat orageux, Alain Guiraudie poursuit son exploration de l'érotisme queer, des non-dits et de la répression des désirs dans une configuration qui rappelle celle de Teorema (1968) de Pasolini. Ce faisant, Miséricorde ramène la comédienne Catherine Frot à un rôle tourmenté, et confirme le talent de Félix Kysyl. La distribution soutient des dialogues truculents, parfois burlesques, entre faux semblants et confrontations malsaines.

L’abandon par la France de ses habitants ruraux est subtilement exploré tout au long du film. À cela s'ajoute le détournement jouissif de la figure du prêtre. Claire Mathon, directrice de la photo, magnifie les forêts et leur rend une teinte jaune empreinte de mystère. Miséricorde saute d’un personnage et d’un tourment à l’autre, tandis que l’étau se resserre autour de Jérémie, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire la différence entre ami ou ennemi. L'un des plus beaux et dérangeants films du NIFFF.

(NIFFF 2024)

04.10.2024

4

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage