A quelques 1000 kilomètres de Moscou, isolée dans l’immensité de la Russie, se trouve la Kolyma, une région inhospitalière qui a abrité les goulags. Accompagné de Léna, jeune Saint-Pétersbourgeoise interprète, l’artiste-peintre André Sugnaux se rend sur ces lieux désertés le long de la Trace, une route de 2000 kilomètres construite par les anciens détenus afin d’accéder aux mines d’or. Un périple à travers la mémoire douloureuse d’un pays, vue dans les yeux d’une poignée de témoins.

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Nul ne sera surpris d’apprendre que la Russie entretient un rapport malsain aux goulags, ces camps de travail où furent envoyées 18 millions de personnes jugées hostiles aux autorités. On estime que 4,5 millions de prisonniers furent tués, et pourtant le projet de musée n’a pas été soutenu par les autorités ; si bien que persiste encore un sentiment de honte chez les survivants. D’où l’intérêt de La Trace, un documentaire coréalisé par Gabriel Tejedor et Enrico Pizzolato, qui plonge dans les vestiges de cette époque sombre de l’Histoire russe. Il y a quelque chose de beau et terrible dans ces monstrueuses carcasses de métal, qui fouillent inlassablement une terre où ont disparus les ossements anonymes des victimes des goulags. Le silence morbide qui plane sur ces visions inoubliables alterne avec les mots chargés d’émotions d’anciens prisonniers ou gardiens de camps, mais aussi d’anonymes qui ont élu domicile dans la région. Dommage que la douloureuse mélodie de ce film très maîtrisé s’accorde mal avec la poésie maladroite, en comparaison, de l’artiste-peintre André Sugnaux (« On fait de la route, mais est-ce qu’on avance ? »).