Le coureur Suisse 2017 – 92min.
Critique du film
Les fleurs du mal
Du haut de ses 17 ans, Jonas Widmer est le premier à franchir la ligne d'arrivée au « Langenfelder » Waffenlauf. Cuisinier de profession, le coureur de fond semble être un athlète de haut vol. Mais un drame tourmente Jonas, une rage refoulée peut-être, certainement une ambition excessive, une frustration ou encore un traumatisme venu de l’enfance. Très vite, le sportif prometteur perd le contrôle…
Une performance physique impressionnante pour Max Hubacher que l’on retrouve dans un rôle similaire à celui joué dans le récent Mario. En 2018, il découvrait son homosexualité dans les arcanes du football professionnel, ici le personnage est lui aussi désorienté mais pour d’autres raisons. Jonas, nous dira-t-on, ne savait toujours pas marcher à l’âge de 2 ans, à 4 ans son frère Philipp savait à peine parler. Délaissés, les enfants ont grandi dans une famille d’accueil. « Je serai toujours là pour toi », assure la mère adoptive à Jonas sur la tombe de Philipp : Son frère s’est suicidé après l’avoir accompagné vers sa première victoire.
Jonas vit seul dans la banlieue de Berne. Sa vie s’organise autour de sa petite amie, le travail et l'entraînement. Un jour une élongation empêche le sportif de remporter une course et un matin d'automne, il dérobe le sac à main d’une jeune femme. Alors que sa petite amie découvre le sac, elle restera silencieuse. Il s’ensuit un deuxième, un troisième puis un quatrième vol ... Doucement, Jonas s’enferme dans un étrange engrenage et sa relation bat de l’aile. Plus tard, une autre blessure l'obligera à mettre le sport entre parenthèse. Pourtant le coureur parviendra à décrocher une nouvelle victoire lors de la troisième « Langenfelder » Waffenlauf. Nous le pensions sauvé, mais rien n’y fait, Jonas perd le contrôle …
Le coureur est le premier long métrage du zurichois Hannes Baumgartner. Inspiré d'une affaire qui a défrayé la chronique en Suisse à l’aube du 21e siècle. Baumgartner a fictionnalisé l'histoire, changé les noms, transposé l'intrigue dans les années 2010 - et plonge son protagoniste dans un tel final que l’on ne pourra s’empêcher d’aller enquêter sur la véritable histoire. Un long-métrage soigné, oscillant entre le jour et la nuit, à l'orée d’un sombre psychothriller venu du Nord dans ses instants les plus intenses, comme un fantôme diffus qui nous ramène à Indian Runner de Sean Penn. Soigné certes, mais il nous vient une idée pour Baumgartner : Travailler plus intensément avec ses acteurs et leur faire confiance afin que leur combat intérieur se reflète sur leurs visages.
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