Capharnaüm France, Liban, Etats-Unis 2018 – 123min.
Critique du film
Un bijou d’humanité trop maladroit
À l'intérieur d'un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question : "Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ?", Zain lui répond : "Pour m'avoir donné la vie !".
C’est ainsi que Capharnaüm débute et de façon abrupte avec cette première phrase très forte et lourde de sens. Elle est le point le départ qui va permettre de retracer l'incroyable parcours de cet enfant en quête d'identité. Car en effet, si le procès ouvre brièvement les hostilités, il va laisser place à un immense flash-back qui durera l’entièreté du long-métrage.
Ainsi, caméra au poing, la réalisatrice libanaise ancre le spectateur au cœur des rues pauvres et délabrées de Beyrouth. En leur sein, le destin du jeune Zain. Après avoir atrocement vécu les déboires de sa jeune sœur Sahar et condamné la responsabilité de ses parents, il décide de s’enfuir et d’errer à la recherche d’une vie meilleure. Contraint au vol à la tire, ses pérégrinations le mènent à la rencontre d’une jeune immigrée et son bébé, dont il va s’occuper pour survivre.
Devant Capharnaüm, impossible de ne pas éprouver une certaine émotion. La mise en scène est si réaliste et si naturaliste que l’œuvre de Nadine Labaki émeut dès les premiers instants. Grâce aux regards du jeune Zain, interprété par l’excellent Zain Al Rafeea (acteur amateur), la réalisatrice réussit à capter des émotions simples mais puissantes. En le filmant de tous les plans, elle nous ancre dans son quotidien difficile et nous confronte à cette lourde réalité. Le destin de ce gamin déterminé et courageux, qui n’est pas sans rappeler celui de Jamal dans Slumdog Millionaire avec une pointe du Kid de Chaplin, est l’occasion de poser de nombreuses questions sur la société libanaise et de critiquer la société patriarcale du monde arabe.
Malheureusement au fil des minutes, Capharnaüm tombe dans une surenchère de misère. Les thématiques présentées sont finalement sous-développées et laissent place à une bonne dose de misérabilisme appuyée par une musique larmoyante agaçante et des effets de styles (ralenti) inopportuns. Le procès qui ouvrait le film et proposait une véritable réflexion est d’ailleurs balayé d’un revers de main et devient presque un simple gadget narratif malvenu.
En bref !
Véritable coup de poing humaniste au premier regard, Capharnaüm émeut et bouleverse grâce à sa mise en scène et son jeune interprète principal. Malheureusement et à trop vouloir en faire le petit bijou d’humanité prévu, le film devient un pamphlet misérabiliste presque pompeux...
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Commentaires
“Les Miséreux”
Au Liban, Zain, 12 ans, est amené menotté devant le juge. Il est pourtant le plaignant. Le petit homme veut attaquer ses parents en justice pour l’avoir mis au monde.
Nadine Labaki dénonce la misère dans les rues de Beyrouth et la survie de ceux qui n’ont rien, qu’ils soient locaux, exilés ou réfugiés. Elle place sa caméra à hauteur d’enfants, contraints de prendre la relève d’adultes irresponsables ou absents. Malgré les visages si touchants de ses tout jeunes comédiens non professionnels, rien ne nous est épargné. Lorsque le fond est touché, on creuse encore plus bas, pour bien nous faire comprendre que la réalité est pire. C’est douloureux, insupportable parfois.
(6.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
Tracer une vie
« Je vous accuse de m’avoir donné la vie » profère Zain, 12 ans devant un tribunal de Beyrouth.
Le film de Nadia Labaki s’ouvre sur une poursuite dans un bidonville. Des bandes d’enfants imitent la guerre au moyen d’armes factices déroutantes de réalisme. Germes mortifères. C’est toutefois un combat pour la survie qui scelle le quotidien de Zain. Côtoyant une cellule familiale, il prend soin de lui et des plus petits avec la maturité d’un parent. Le bus décoré de sacs d’école multicolores, Zain le voit passer devant lui alors qu’il transporte des bonbonnes de gaz pour Assad l’épicier aussi propriétaire du gourbi familial.
Ce film dénonce avec respect et pudeur le mariage des fillettes, le sort des sans-papiers, la condition des enfants réfugiés et ce que sous-tend d’offrir la vie. Là, où les mots se délitent, la musique créée par Khaled Mouzanar donne naissance. A un cheveu du misérabilisme, Nadine Labaki se met en scène interprétant une jeune avocate qui se voit asséner « ... vous n’aurez jamais à vivre ce que j’ai vécu sinon vous vous seriez pendue ».
Selon toute probabilité, ce procès est celui des témoins.… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
L'enfance volée
Beyrouth: Zain, 12 ans, originaire de Alep en Syrie, est en prison pour avoir poignardé un homme. Mais il porte plainte contre ses parents pour l'avoir mis au monde. Pourquoi en est-il arrivé la? Qui est Rahid, cette émigrée éthiopienne ayant croisé sa route?
Le voici donc ce prix du jury cannois qui, pour beaucoup, aurait du recevoir la palme d'Or. Et perso j'en suis: nous avons la Palme d'Or du cœur.
La première séquence, l'ouverture du procès et cette question posée à Zain: pourquoi êtes-vous ici à la barre alors que vous étiez accusé et qu'avez-vous à déclarer, donne le ton. Nous allons en effet découvrir par un flashback l'enfer vécu par ce gosse de 12 ans qui au lieu de pouvoir jouer et aller à l'école, est contraint de vivre en adulte.
Nadine Labaki frappe là où ça fait mal: elle égratigne une gente masculine qui, excepté Zain et un bienveilleur, en prend pour son grade. Elle dénonce également deux cas sociaux: l'esclavage des mineurs et le traitement des migrants au Proche-Orient.
Le résultat proposé est bouleversant: comment ce gamin, apparemment gonflé peut-il prétendre reprocher à ses parents de l'avoir mis au monde? La réponse apportée est effrayante et secoue de longues minutes après la sortie. Mais c'est bien le dernier plan sur Zain qui s'avère contagieux, tellement l'on ressent ce qu'il a enduré et son issue.
Une musique de toute beauté et pour moi, LA performance masculine en tout cas de l'année, voire plus.
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