Hérédité Etats-Unis 2018 – 126min.
Critique du film
Aux portes des enfers
Lorsque Ellen, matriarche de la famille Graham, décède, sa famille découvre des secrets de plus en plus terrifiants sur sa lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper.
Hereditary a créé la sensation lors du dernier festival de Sundance. Présenté en séance de minuit, le premier film de Ari Aster a reçu une flopée de critiques dithyrambiques et un accueil public très enthousiaste. Considéré depuis comme une petite perle de l’horreur et de l’angoisse, le long-métrage était très attendu par les amateurs du genre… à juste titre.
Hereditary est une œuvre des plus étranges. Difficile de ne pas être intrigué, angoissé et aux aguets devant la tragédie familiale qui se déroule sur l’écran. Piochant du côté de Roman Polanski et rappelant souvent The Shining avec ses superpositions de plans, Hereditary réussit surtout à créer efficacement son propre mythe, plongeant le spectateur au cœur des névroses d’une famille perturbée. Souvent surprenant, Hereditary pourra parfois paraître un peu lent dans sa construction. Mais ce ne sera que pour mieux déstabiliser le spectateur.
Pendant plus de 2h, le réalisateur propose ainsi une succession de séquences mystérieuses et mystiques où l’irréel finira par prendre le dessus sur le tangible et transformera profondément ce drame familial en tragédie horrifico-spirituelle grâce à une mythologie hallucinante. Le moyen pour Ari Aster de nous offrir des plans somptueux (les extérieurs de la maison), de jouer sur les échelles (les miniatures) et de nous pétrifier lors d’un final dantesque terriblement audacieux aux portes des enfers.
Une grande réussite qui n’aurait sans doute pas été possible sans les performances ahurissantes du superbe casting composant le long-métrage. En tête de cortège, le retour en grâce de Toni Colette dont la prestation en fera frissonner plus d’un.
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Commentaires
“Mother!”
Annie vient de perdre sa mère, une femme mystérieuse. Elle l’aimait, certes, mais n’éprouve pas de chagrin, leur relation ayant toujours été complexe. Quand le souvenir de la vieille dame commence à la hanter, c’est l’équilibre déjà fragile de sa propre famille qui est menacé.
Pas de demi-mesure pour ce film qualifié par une certaine critique de déjà culte. La mise en place est lente et minutieuse. Ari Aster prend soin de montrer à tous qu’il sait tenir une caméra, multipliant les plans sophistiqués. Le bizarre s’immisce partout. Dans les murs blancs de cette épaisse maison isolée au milieu des bois. Dans les miniatures hyperréalistes que confectionne Annie pour exorciser ses traumatismes d’hier et d’aujourd’hui. Dans la laideur ambiante qui infecte jusqu’aux visages des enfants. Chaque son amplifié gêne et inquiète. Mais la peur jamais ne l’emporte. L’ennui guète et s’impose. Psychodrame intime, fantastique, sabbat se mélangent et se parasitent. Le grand final transforme les conflits familiaux en culte satanique. Devant la grandiloquence du spectacle, qui rappelle les étreintes maternelles de Darren Aronofsky, on hésite à rire. Ce n’est jamais bon signe pour un film d’horreur.
5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
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