The Guilty Danemark 2018 – 85min.
Critique du film
Un huis clos angoissant et réussi
The Guilty, c’est le premier exercice de réalisateur du cinéaste danois, Gustav Möller, et un parti pris assez risqué pour une première expérience. Inspiré des succès huis clos comme Phone Game, Buried ou encore The Call avec Halle Berry, The Guilty repose sur un scénario très simple : une pièce, un homme et un coup de téléphone.
Généralement, quand un spectateur va au cinéma, il veut que le film lui raconte une histoire bien précise. Qu’elle ait un début, un milieu, une fin, et surtout un chemin libre de compréhension où le réalisateur pourra amener son spectateur à épier les moindres recoins de l’intrigue et les faits et gestes du (ou des) protagoniste(s). En cela, Gustav Möller s’aventure vers un terrain difficile pour sa première réalisation. Le cinéaste relève un défi, d’un pari fait avec son spectateur, et réussit à le maintenir en haleine durant plus d’une quatre-vingtaine de minutes anxiogènes.
Le film s’ouvre sur une pièce austère, faiblement éclairée par quelques néons, où plusieurs policiers sont avachis sur leur poste de travail, casque sur la tête, mine assoupie et fatiguée, les yeux rivés sur leur écran. Parmi eux, on retrouve notre héros, Asger Holm, campé par Jakob Cedergren, qui passe son temps à répondre aux appels en tous genres qui lui parviennent. Coup de fil d’une personne trop alcoolisée ne sachant pas où elle est ou d’une autre prétextant un vol. La nuit est longue et la majorité des appels se révèlent souvent être des petites frasques sans grande importance. Jusqu’au moment où l’appel fatidique arrive : celui d’une jeune femme en détresse, en pleurs, peinant à articuler et affirmant qu’elle est victime d’un kidnapping.
Dès lors, la narration est uniquement guidée au travers du son. A partir de là, tout se joue hors champ, laissant au spectateur les pleins pouvoirs pour imaginer ce qui se déroule à l’extérieur. A savoir : le monde, les personnages, le drame qui est en train de se dérouler, les scènes macabres qui sont en train de se passer et recollant petit à petit les pièces d’une intrigue tordue et malsaine. De son côté, Asger Holm ne va jamais plus loin qu’une deuxième pièce, tâchant lui aussi de résoudre une série d’énigmes, consistant à la fois à écouter, calmer et conseiller la victime tout en remontant le déroulé des évènements. Le son a donc un aspect primordial dans la continuité du scénario. Au loin, le spectateur entend des voix chuchotantes, effarées ou implorantes qui décrivent les conséquences d’un fait divers qui restera à jamais invisible à ses aux yeux. Il est donc réduit au simple statut d’auditeur, catégorie à laquelle appartient, de facto, le policier lui-même.
A contrario de la horde de blockubusters qui foisonnent dans nos cinémas, jouant avec autant d’effets spéciaux que d’une overdose de CGI, The Guilty revient aux basiques du cinéma avec une mécanique très primaire d’une simplicité et d’une pureté salvatrices : un acteur, une voix, un décor sobre, un mixage, l’art du gros plan, du cadrage, du rythme, du silence…
En bref ! Pour un premier film, Gustav Möller, réussit brillamment l’exercice de style du huis clos. Certes, le cinéaste ne réinvente ou ne chamboule pas le genre. En même temps ce n’est pas compliqué, mais il parvient à faire une oeuvre dynamique, fluide, prenante et grisante, digne des meilleurs romans policiers. Un réalisateur dont on est certain qu’il faudra suivre le reste de sa carrière.
Votre note
Commentaires
Très bon film ! Mais peux être par moment difficile à comprendre surtout à la fin
« Au bout du fil »
Mobilisé à la centrale de la police danoise, Asger Holm reçoit l’appel de détresse d’une femme. Il comprend vite que celle-ci a été enlevée et va tout faire pour l’aider.
L’ambition de ce film-concept est de ne jamais quitter son personnage principal et le standard où il doit se contenter d’agir. A lui de mener l’enquête et lancer les opérations qui se dérouleront toutes hors-champ. Son lien avec le terrain ne tient qu’à un fil, comme le suspens qui progresse, tendu, à chaque sonnerie. L’imagination se charge du reste.
L’intérêt suscité par le dispositif de ce huis clos se maintient bien, le temps de découvrir les failles des protagonistes impliqués et de ce flic zélé, au visage pas immédiatement aimable. Mais le mieux demeure l’ennemi du bien. Ainsi, quelques approximations et facilités scénaristiques finissent, comme souvent dans ce genre de film, par affaiblir le plaisir.
6.5/10
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