Ad Astra Brésil, Etats-Unis 2019 – 123min.

Critique du film

La tête dans les étoiles, les pieds sur Terre

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Depuis un certain temps, il semble bien que le film d’exploration spatiale provoque un regain de fascination. Et pour cause: l’espace semble être la caisse de résonance idéale de notre époque, prisonnière d’une Terre proche de l’auto-destruction totale et cherchant désespérément un futur proche. Tour à tour échappatoire nécessaire à l’humanité (Interstellar, Seul sur Mars), illusion perdue de terre promise (First Man) ou encore vertigineuse leçon d’humilité (Gravity), la frontière finale agrège de nombreux fantasmes contradictoires, auxquels il faut maintenant ajouter Ad Astra de James Gray.

L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.

Immédiatement en sortant d’Ad Astra, les raisons (justifiées ou non) qui expliquent pourquoi la Mostra de Venise ne lui a accordé aucune récompense apparaissent assez clairement. Après Gravity, First Man et Interstellar, la mise en scène de James Gray paraît bien peu innovatrice dans le genre, et ce, malgré sa très grande beauté plastique. Au point qu’il n’y a aucun scrupule à dire que deux péripéties du film donnent lieu à deux séquences d’action qui, sans être ratées, confinent à l’anecdotique.

Pour autant, résumer en quelques lignes les qualités d’Ad Astra est un vrai défi, tant elles sont nombreuses et surtout tant le film est riche de nombreuses thématiques profondes et passionnantes. L’écriture et le regard de James Gray sont d’une puissance tout simplement terrassante, et de ce point de vue, Ad Astra a tout à fait sa place aux côtés de Two Lovers et The Lost City of Z, et apporte même dans son sillage un petit parfum de nouveauté dans la filmographie du réalisateur.

Ad Astra est traversé par un curieux et franchement angoissant sentiment dystopique, qui amène une couleur politique assez inédite chez James Gray et qui manquait cruellement à First Man (véritable jumeau inverse d’Ad Astra, très réussi en terme d’action mais terriblement déficient dans son écriture et dans le traitement de son héros). Pire encore, en renvoyant la quête de nouvelles formes de vie au fait religieux, le cinéaste assène une vraie claque et remet de nombreuses pendules à l’heure, et questionne avec une frontalité bienvenue les motivations réelles de la conquête spatiale, véritable poursuite opportuniste de chimères cosmiques.

Et bien évidemment, on ne surprendra personne en disant que James Gray excelle encore et toujours dans sa dépiction des drames intimes et de la masculinité. On vous laisse découvrir le film sur cet aspect-là, mais on ne peut pas faire l’économie d’une louange sur la performance de Brad Pitt, très clairement à ranger dans le top 5 des meilleures de sa carrière.

En bref!

Pour certains, la réalisation d’Ad Astra, pourtant d’excellente facture, pourra souffrir de la comparaison avec des aînés plus époustouflants... mais aussi plus creux. Un défaut que n’a pas Ad Astra, une aventure exhaustive et stimulante.

18.09.2019

4

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Commentaires

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Jmsyface

il y a 5 ans

Copie entre Interstellar et Gravity mais en nettement moins bien.
Brad Pitt joue bien et les images sont belles. Mais Les seuls moments d'action ont été vu dans la bande-annonce.
Film trop long


CineFiliK

il y a 5 ans

“L’odyssée de l’espace”

Après avoir échappé à la destruction de la station d’observation sur laquelle il travaillait, l’astronaute de la NASA Roy McBride se voit confier une mission secrète : rentrer en contact avec son père disparu sur Neptune seize ans plus tôt. Celui-ci pourrait être à l’origine de ces explosions qui menacent la terre.

Il a exploré les nuits new-yorkaises et la jungle amazonienne. Le réalisateur américain investit aujourd’hui l’espace. Ses images jaunies et quelque peu dépassées brouillent les pistes. Son futur proche aux allures passéistes rendrait-il hommage à Kubrick ? La mélancolie qui s’échappe des yeux bleus de Brad Pitt rappelle celle du premier homme – Ryan Gosling – de Damien Chazelle. Quant à la relation filiale douloureuse, elle évoque Interstellar, voire Gravity. Les références peuvent être pesantes, mais l’odyssée de James Gray réserve aussi de belles originalités : 125 $ pour une couverture supplémentaire dans le vaisseau qui nous amène à la lune. Après la terre, le satellite, colonisé par la globalisation, est en proie à la concurrence et aux conflits. L’univers n’a jamais paru aussi petit, accessible. L’intime devient une quête existentielle qui interroge : au-delà des étoiles, se trouve-t-il encore un père capable de veiller sur nous ?

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


vincenzobino

il y a 5 ans

Nouveau contact
Dans un futur proche: Roy Mc Bride, un chevronné astronaute américain est en entraînement à l’ISS lorsqu’une déflagration électrique détruit la station et le propulse sur Terre. Chargé de déterminer l’origine de la déflagration, il découvre que cette dernière provient de Neptune, où son père Clifford, qu’il croit mort et est sans nouvelles depuis plus de 20 ans, avait implanté une base spatiale. Unique moyen d’en avoir le cœur net, s’y rendre. Pas évident avec la situation politique d’alors.
Le voici donc cet ovni science-fiction 2019 annoncé. Succéder à des phénomènes tels Gravity et surtout the Arrival, auxquels la bande-annonce, mon unique source de renseignements avant la séance, était une mission compliquée pour Gray. Sans être au niveau des deux prodiges précités, elle est parfaitement relevée.
Vous ne retrouverez ni la tension du film de Cuaron, ni l’émotion de celui de Villeneuve. Mais une réflexion brillante sur ce que serait l’avenir de l’humanité si notre planète bleue devait un jour disparaître. Et les symboliques illustrées par le premier plan solaire et par l’ultime paysage vu (que je ne peux bien sûr développer) sont extrêmement marquantes.
Le plus notable néanmoins est l’investissement de Brad Pitt: le travail de caméra et la photographie exceptionnelle, de même que la reconstitution de bien des lieux spatiaux extra terrestres (et non extra-terrestres) est totalement liée à la présence de l’acteur, qui du coup est littéralement comme personnage vivant son périple et non l’interprétant.
Atteindra-t-il son but? Je ne puis que vous recommander l’expérience servie en plus par une magnifique BO conjointe de Balfe et surtout Richter (le thème final de the Arrival c’est lui) et surtout ne soyez pas en retard tant ce premier plan vous plonge en immersion spatiale ( en IMAX ça doit être fabuleux).Voir plus

vincenzobino

il y a 5 ans

*auxquels la bande-annonce, mon unique source de renseignements avant la séance, faisait allusion


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