El robo del siglo Argentine 2020 – 114min.
Critique du film
Plus intelligents que la police
L’argentin Fernando et son acolyte uruguayen Mario, ont dévalisé le Banco Rio à Buenos Aires en 2006, au nez et à la barbe de tous. Une entourloupe savamment pensée et les escrocs ont empoché des millions avant de s’échapper. Un braquage réussi et sans effusion de sang!
Une histoire de braquage comme seule la vie nous inspire ou les gangsters eux-mêmes. Fernando Araujo (Diego Peretti), bon vivant devant l’éternel et fin consommateur de marijuana, a un jour l'idée du braquage parfait. Une idée qui lui vient en fumant, évidemment; l'objet de son désir? La Banco del Rio à Buenos Aires. Son plan consiste à organiser un “vol express”, une sorte de braquage au guichet, une de manœuvre de diversion, permettant simultanément à une équipe de pénétrer dans la chambre forte via un tunnel sous-terrain. Une stratégie à deux-vitesses, le spectacle en surface et le coup de grâce au sous-sol.
Pour arriver à ses fins, Fernando a besoin d’une équipe d'"experts". Il y aura l’uruguayen Luis Mario Vitette (Guillermo Francella) fin connaisseur du cambriolage et quatre autres acolytes: un chauffeur, un ingénieur, un avocat et un agent de sécurité. Cerveau de l’affaire, Fernando, chapeaute méticuleusement son braquage et, muni de croquis, de plans et de visites à répétitions, il prépare ses acolytes pour le grand jour.
Un véritable braquage qui s’est déroulé le 13 janvier 2006. Les gangsters prennent d'assaut la banque, tenant à distance les employés et les clients. L'Argentine et les médias (radio, télévision) suivent et retransmettent en direct le braquage. Une importante force de police est déployée autour du bâtiment et le négociateur en chef, Miguel Sileo (Luis Luque), négocie avec plus ou moins de succès. Des gentlemen cambrioleurs qui se montrent plutôt amicaux, allant même jusqu’à célébrer l’anniversaire d’une personne âgée, libérant au passage un ou deux otages. Les tactiques d'obstruction fonctionnent (y compris la commande de pizzas), tandis que la bande s'échappe sur des bateaux gonflables dans les égouts. Le butin se situerait entre 8 et 25 millions de dollars. Une information qui reste inconnue, car le contenu des coffres était secret...
Enfin si plus tard les voleurs se font rattraper, trahis par une femme jalouse de la maîtresse de son mari, l’épopée après le braquage et le développement des protagonistes mériteraient un film à part entière. Si les documents d’archives exposés en générique de fin confèrent au métrage une belle authenticité, on appréciera que Fernando Araujo, lui-même, s’illustre ici au scénario du film, lui qui travaille d’ailleurs actuellement à l’écriture d’un livre sur la marijuana.
L'Argentin Ariel Winograd met en scène une comédie de crapules portée par des gueules drôles et charismatiques, notamment Diego Peretti (Iniciales S.G.) dans le rôle de Fernando et Guillermo Francella (El secreto de sus ojos) dans le rôle de Mario. Les escrocs ont rarement été aussi sympathiques, c’est à leur envier chaque dollar, chaque pièce d'or. L'histoire de ce braquage sans coups de feu est servie dans un écrin passionnant et se cape de quelque chose d'humain et de réconfortant. Alors on pense aux mots de Bertold Brecht «Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque, comparé à la fondation d'une banque ?», une phase qui prend ici tout son sens. Honi soit qui mal y pense!
(Traduit et adapté de l’allemand par Théo Metais)
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