Placés France 2021 – 111min.

Critique du film

Touchante comédie sur l’aide à l’enfance

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Coscénariste des Tuche, Nessim Chikhaoui change de cap et signe avec Placés son premier long métrage, une comédie rafraîchissante sur le quotidien délicat de l’aide sociale à l’enfance.

Après sa licence de droit, Elias (Shaïn Boumedine) prépare les concours pour Sciences Po, mais le jour de l’examen, le jeune homme a oublié sa carte d’identité. Alors pour l’occuper en attendant de retenter l’année suivante, son ami Adama (Moussa Mansaly) lui propose de donner un coup de main dans un foyer d’accueil où il travaille. Et pris dans la volte de cet établissement, et malgré une première semaine délicate, doucement Elias s’acclimate.

Né d’une rencontre entre le cinéaste Nessim Chikhaoui et le producteur Matthieu Tarot, éducateur spécialisé pendant 10 ans, Placés se fait le récit de ces quotidiens consacrés aux enfants. Dans une veine similaire à La Vie Scolaire (2019) et Les Invisibles (2018), il fait bon voir les comédies françaises s’emparer de sujets complexes et de les rendre avec une délicate attention. Et Shaïn Boumedine de prêter ses traits au personnage d’Elias. L’acteur découvert en 2017 dans Mektoub, My Love (Canto 1) y incarne un éducateur en devenir, à la croisée d’une nouvelle vie alors qu’il pousse le portail de ce centre. Pas sûr que l’acteur n’irradie vraiment, un peu trop lisse sans doute, mais Placés s’accompagne néanmoins d’un parterre de personnalités rocailleuses et solaires, à commencer par le très charismatique Moussa Mansaly, l’étonnante Aloïse Sauvage ou encore la jeune Lucie Charles Alfred dans la peau d’Emma, volubile et débordante alors que la majorité approche.

Et quel plaisir de retrouver au cinéma la bonhomie d’Adolpha Van Meerhaeghe, qui incarne l’aide ménagère de ce foyer et qui débutait au cinéma à 70 ans dans Les Invisibles en jouant sa propre histoire. Alors Placés n'évitera pas quelques écueils, notamment cette romance accessoire avec une éducatrice incarnée par Nailia Harzoune, et malgré une réalisation assez convenue, c’est aussi en arrière-plan, au cœur de ses seconds rôles (Smaïn, Julie Depardieu, Philippe Rebbot) et de ses histoires parallèles que le film se révèle particulièrement touchant. Une jolie incartade dans ce coin d’Île-de-France, et dans l’administration parfois violente des Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS). Servi dans un écrin fait de bons sentiments, Placés se pare d’une légèreté bienvenue où même les échappées en bus en compagnie de Djimo (Les Méchants) deviennent d’agréables moments de comédie. Quand les pleurs du mal de Dinos reprennent des couleurs de fleurs.

11.01.2022

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Le grand frère”

Parce qu’il a oublié de prendre avec lui sa carte d’identité, Elias ne peut se présenter au concours d’entrée de Sciences Po. Il lui faut un plan B en attendant de pouvoir retenter sa chance. Son pote lui propose de s’initier au métier d’éducateur.

Le jeune homme est prévenu. Il lui faudra apprivoiser des « cassos » et autres « gogols » qui ne rêvent que de dealer ou tapiner pour gagner vite et bien. En réalité, des enfants non pas à problèmes, mais avec des problèmes. Des parcours de vie difficiles qui les ont éloignés de leurs familles dysfonctionnelles pour les conduire en ces refuges afin de recréer du lien.

Première surprise, le foyer d’accueil, une grande maison avec jardin, n’a pas l’austérité spontanément associée à ces lieux de protection. La plupart des travailleurs sociaux sont à peine plus âgés que les ados qu’ils accompagnent et n’ont pas forcément moins de problèmes personnels qu’eux. Malgré la dureté des situations, la violence sous-jacente, le manque de moyens et les découragements, la solidarité opère avec l’espoir d’un avenir meilleur.

Quasi autobiographique, ce film reflète l’expérience du réalisateur. Le contexte documenté et les mots justes sentent le vécu, même si certains personnages apparaissent archétypaux. Les bons sentiments affleurent et l’on anticipe sans peine les drames et la romance qui cadencent la simplicité du récit. Dans la lignée de La vie scolaire et de Hors normes, ce premier essai apparaît comme du réchauffé qui aurait pu faire l’objet sympathique d’une série France 2. Néanmoins, il peut compter sur la fraîcheur de ses jeunes comédiens avec en tête Shaïn Boumedine, mention très bien dans son rôle de grand frère.

(6/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


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