Titane Belgique, France 2021 – 108min.
Critique du film
Titane
En 2017, «Grave» avait semblé prendre le monde à revers. Secouant Cannes, faisant s’évanouir un couple de spectateurs quelques mois plus tard à Toronto, avant de devenir, pour beaucoup, une révélation lors de sa sortie officielle. Adoubée évangile du cinéma de genre en France et figure de proue d’une jeune génération de cinéastes en rupture avec l’école naturaliste dominante en ce seul film, Julia Ducournau était attendue au tournant avec son second long métrage, «Titane». Surprise : c’est un accident, voire un véritable carambolage.
Alexia n’a plus toute sa tête depuis qu’un accident de voiture lui a fracturé le crâne, y laissant une plaque de titane, une vilaine cicatrice, un penchant mécanophile très affirmé et de grosses tendances homicides. Manquant de se faire attraper par la police, elle change d’apparence et prendre celle d’Adrien, fils disparu de Vincent, un commandant pompier auprès duquel elle trouve refuge. Mais leur relation va rapidement prendre un drôle de tour lorsqu’elle se retrouve enceinte d’une voiture.
Sorte d’alliage improbable entre Nicolas Winding Refn, David Cronenberg, Jonathan Glazer et nombre de références immédiatement reconnaissables, «Titane» tente de revendiquer sa richesse et son identité fourre-tout comme une patte propre. Malheureusement le film est si désorganisé et techniquement déficient qu’il ne faut pas moins de vingt minutes pour que cette symphonie baroque ne vire à la cacophonie grotesque. Malgré des prémices intéressantes et une ambition louable, le nouveau Julia Ducournau s’effondre rapidement sous le poids de ses effets de style pompeux et de son histoire pompière mal dégrossie. Le film devait être une révolution, il n’est qu’une provocation chic et choc de plus; un marasme artistique qui, enchaînant de pauvres scènes gores gratuites pour créer un buzz artificiel, croit encore que esthétique rime avec cryptique, et qui, surtout, ne raconte rien.
À ce compte-là, n’importe quel «torture-porn» fera mieux l’affaire (la maison recommande notamment «Hostel»). Si encore «Titane» assumait le caractère purement cosmétique de sa mise en scène, le spectacle aurait pu prendre une réjouissante tournure ironique. Las, le spectateur se retrouve écrasé par une emphase pneumatique et un sérieux auteurisant ridicule. Le rire monte au visage, certes, mais contre un film somme toute beaucoup trop grand-guignolesque pour en tirer quoi que ce soit, hormis un bain de mousse Cannois, pour pas grand-chose - et ne comptez pas sur Vincent Lindon ou Agathe Rousselle pour tirer le film vers le haut. Malgré une belle implication physique du casting, sa direction est à l’aune de leurs personnages : absconse. «Titane» n’est cependant ni beau, ni extrême, ni spectaculaire, ni virtuose, ni sulfureux... ni rien. Pourtant, c’est un rien qui fait beaucoup de bruit, et c’est peut-être là la vraie nature du scandale.
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Commentaires
“Holy motors”
Victime d’un grave accident de la route enfant, Alexia se réveille une plaque de titane greffée à son crâne. Aujourd’hui adulte, elle exhibe son pare-chocs en dansant lascivement sur de rutilantes carrosseries. En parallèle, l’Amazone tue celles et ceux qui s’attachent.
Au commencement, il y a une fillette cherchant à attirer l’attention de son papa qui lui tourne le dos, en conduisant, et préfère, pour ne plus l’entendre, monter le son de la radio. Faut-il passer par la rébellion, la séduction ou le sacrifice pour seulement lui plaire ?
Julia Ducournau enrobe ce besoin d’amour et de reconnaissance dans une mythologie horrifique, fantastique et biblique. Complexe œdipien où il convient de tuer le père pour l’embrasser ensuite. Texte sacré dans lequel il est écrit que Dieu ne pourra reconnaître que son fils prodigue, n’en déplaise au frère aîné. Dans les bras d’Éros et de Thanatos, Alexia se métamorphose en Tirésias pour rejouer l’Immaculée Conception. Ceci est son corps meurtri, métallisé, scarifié qui se consume dans les flammes de l’enfer. Un Sauveur va bientôt naître pour le salut de la « transhumanité » ou sera-ce l’Antichrist ?
Dans ces cercles infernaux, la réalisatrice grave entraîne Agathe Roussel, une jeune femme pleine de promesses, qui lui offre sa chair et son sang. Face à elle, Vincent Lindon, mâle alpha se révèle si fragile parfois. La mise en scène haut de gamme fait rimer crash et trash évoquant à la fois Cronenberg, Carpenter, Bonello, Noé, Almodovar et Scott. Malaisant, stupéfiant, pompier, le film désarçonne son public au risque de l’égarer. Le jury de Cannes a choisi de l’adouber en le couvrant d’or.
(7/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
Un peu gore, un peu fantastique, un peu thriller horrifique, ni esthétique ni provocateur, ni ennuyeux ni vraiment intéressant, un drame psychologique baroque qui hésite entre le grotesque et le bof, un bon film tout de même, du bon cinéma malgré tout, qui ne casse rien certes mais que je peux recommander car très particulier et c’est le genre de film que vous ne verrez pas souvent (6/10)… Voir plus
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