De Noche Los Gatos Son Pardos Suisse 2022 – 110min.
Critique du film
Libertinage et zombies affamés
Seul film suisse présenté cette année en compétition internationale à Locarno, le jury aura préféré le film brésilien «Regra 34». Mais le cinéaste Valentin Merz décroche une mention spéciale bien méritée dans la section First Feature.
Inspiré par les préceptes du psychanalyste français Félix Guattari (1930-1992), Valentin Merz inverse les rôles, et tour à tour le personnel technique devient artiste, les artistes deviennent technicien.e.s. Et «De noche, todos los gatos son pardos» prend une forme étonnante, psychédélique, hypnotisante, et le long-métrage aura de quoi surprendre. Sorte de film dans le film, qui aurait pu se perdre dans sa facture trop expérimentale; Valentin Merz signe néanmoins une expérience parfaitement drôle et libératrice. Un objet pop et à la lumière délicieuse, affranchi des codes d’une narration plus conventionnelle.
Dans un hommage discret au cinéma érotique des années 70-80, bientôt une histoire d’amour se mêle à une enquête policière. Merveilleusement planté entre «L'amant de lady Chatterley» (1981) et «L’invasion des morts-vivants» (1966), le réel se mêle à la fiction, et instaure une élégante distance pour philosopher sur la sexualité, la vie, la mort. Plus rien n’a de sens ni de direction, sinon l’expérience du film elle-même. Un cinéma audacieux, une fable libérée, très personnelle, composée comme une étude et qui pense comme écrivait Beckett. Si l’histoire est, certes, un peu flottante, Valentin Merz n’a pas manqué d’inventer un monde à part. Il paraît que la nuit est plus permissive que le jour.
(75e Locarno Film Festival)
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Commentaires
Jamais prétentieux quoique délibérément "anti"-narratif (au sens classique du terme), De noche los gatos son pardos nous permet de repenser non seulement le concept de cinéma, mais aussi l’idée même de normalité.
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