La nuit du 12 Belgique, France 2022 – 115min.
Critique du film
L'enfer au bout de la nuit
Une sombre affaire de féminicide présentée cette année par le cinéaste Dominik Moll en première au Festival de Cannes.
C’est une logique imparable : à la PJ, les membres de l’équipe sont toutes et tous un jour confronté.e.s à une enquête qui n’en finira plus de les hanter. Pour Yohan, c’est le meurtre abjecte d’une femme du nom de Clara, aspergée d’essence. Et le nouveau chef de la police judiciaire est dans une impasse, seule une chose est sûr, le meurtre a eu lieu la nuit du 12.
«En France, 20% des enquêtes ouvertes pour meurtre n'aboutissent jamais à l'arrestation du coupable». Ainsi s’entame «La nuit du 12», nouveau long-métrage du cinéaste Dominik Moll qui nous plonge au cœur d’une sombre affaire criminelle : une nuit, une jeune femme est aspergée d'essence et incendiée par un homme cagoulé. L'unité de Yohan (Bastien Bouillon), le chef de la police judiciaire fraîchement nommé, est chargé de l'enquête.
Depuis son thriller Harry, un ami qui vous veut du bien (2000) et Seules les Bêtes (2019), le réalisateur français a fait preuve d'un sens du rythme, d'un humour sec, souvent cynique et d'une direction précise de ses acteurs. Ici, le cinéaste s'attaque aux horreurs des féminicides et le duo emmené par Bastien Bouillon et Bouli Lanners dans la peau de deux enquêteurs convainc. Deux hommes qui parlent peu, mais honnêtes, et qui incarnent une masculinité consciente de leur responsabilité sociale.
Pendant plus de deux heures, le film profite d’une dense mise en scène pour maintenir le suspense de son film à flot. Inspiré du livre «18.3 : Une année à la PJ» de l’écrivaine Pauline Guéna (aussi scénariste), «La nuit du 12» offre une exploration noire, complexe et tendue au cœur de la police judiciaire et d’une sombre enquête.
La forme du long-métrage s’oppose à une structure plus conventionnelle de thriller et de film policier, dégageant même un espace bienvenu pour quelques notes d’humour, notons les moments à la photocopieuse ou les digressions sur la rédaction des rapports infinis. Au cœur du fléau des féminicides et des violences faites aux femmes, Dominik Moll regarde son sujet en face et «La nuit du 12» d'en faire l'excellent récit.
(Festival de Cannes 2022)
Traduit de l’allemand
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Commentaires
“Les hommes qui n’aimaient pas les femmes”
Une nuit d’octobre, Clara, 21 ans, rentre chez elle après une soirée entre amies. Son corps est retrouvé le lendemain carbonisé. Yohan Vivès et son équipe mènent l’enquête.
En préambule, ce constat terrible : en France, plus de 20 % des crimes ne sont jamais élucidés. Et cette fiction, basée sur la réalité, en fait partie. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’espérer une résolution finale. A la PJ, on sourit, mais on sait aussi lutter contre le mal avec sérieux, rapports en nombre et imprimante en panne. Le travail et le manque de moyens flagrant sont décrits rigoureusement, de manière sèche. Le trou noir au moment de la cruelle annonciation, la difficulté du couple face à la profession, et la hantise de l’échec qui dévore et rend haineux. Un monde d’hommes en majorité qui recherchent d’autres hommes en majorité qui tuent des femmes en majorité. Ce refrain morbide tourne en boucle depuis toujours comme le capitaine Vivès sur la piste du vélodrome. Si Bastien Bouillon lui apporte une droiture et douceur qui rassurent, la gamme des suspects, aussi révélatrice soit-elle, laisse pantois. Bellâtre, rappeur, branleur, agresseur ou malade, coupables ou innocents, ils saignent par leur attitude, leurs mots ou leurs poings. Ainsi, c’est la personnalité même de la victime qui est remise en question. Pour aboutir à cette conclusion qui sème le trouble : Clara est morte, parce que c’était une fille.
(7.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
Excellent polar, avec des interprétations magnifiques de Bastien Bouillon et Bouli Lanners. Dès les premières images j'ai eu le sentiment d'être emporté et immergé dans cette enquête. J'ai beaucoup aimé le ton, les voix et le rythme donné à cette enquête non résolue. 115 minutes émouvantes et puissantes. J'en suis resté "scotché" à mon fauteuil. (G-24.07.22)… Voir plus
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