Medusa Brésil 2021 – 127min.

Critique du film

Rebellion féminine sur fond fantastique

Critique du film: Marine Guillain

Dans son second long métrage, la réalisatrice Anita Rocha da Silveira tire à boulets rouges sur le patriarcat et les carcans opprimants de la société brésilienne sous Bolsonaro.

«Promets-tu d’accepter Jésus dans ton cœur et de devenir une femme dévouée, prude et soumise au seigneur?» A la nuit tombée, Mariana et ses amies masquent leur visage et traquent d’autres jeunes femmes qu’elles considèrent comme impures. Elles les tabassent puis les contraignent à se racheter de leurs péchés face caméra, pour poster ensuite les vidéos sur les réseaux.

Le jour, cette bande surnommée «Les précieuses» chante à l’église les gloires et louanges de leur pasteur, figure de proue de leur communauté religieuse - qui a tout d’une secte. Souriantes, bien habillées, bien coiffées, bien maquillées; elles véhiculent avec fierté une image de future épouse parfaite. Alors lorsque Mariana écope d’une cicatrice à la joue lors d’une expédition punitive nocturne, son monde s’écroule. Mais c’est aussi une révélation pour la jeune femme qui commence à voir d’étranges images et à douter de sa foi…

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2021, «Medusa» est le deuxième long métrage d’Anita Rocha da Silveira, après «Mate-me Por Favor»: ce premier film mettait en scène une génération d’adolescents esseulée fascinée par la sexualité, la mort, les selfies et Jésus. Des thèmes que la cinéaste brésilienne de 37 ans reprend avec force dans «Medusa», thriller horrifique et fantastique, relecture moderne du mythe de Méduse.

Les enjeux abordés sont bien réels, puisque la réalisatrice dit avoir été marquée par le fait qu’une partie de la société brésilienne prône désormais le retour d’une femme pudique. Des jeunes filles ont réellement été attaquées par d’autres adolescentes à cause de leurs mœurs jugées trop légères, tandis qu’a émergé un nouveau type d’influenceurs/euses, défendant un style de vie ultraconservateur.

Patriarcat, diktats religieux, culte de la beauté, liberté brimée, politique et émancipation féminine, le tout teinté de fantastique: «Medusa» explore tant de thèmes qu’il s’égare dans quelques dédales et perd parfois le fil de son propos. Mais ne lui en tenons pas trop rigueur. Car entre rêve (ou cauchemar) et réalité, la mise en scène se révèle sublime.

De la scène d’ouverture à la scène finale, toutes deux d’une intensité absolue, les images incandescentes et les plans chorégraphiés ont vite fait de fasciner (Anita Rocha da Silveira cite Dario Argento, David Lynch ou encore Jordan Peele comme sources d’inspirations). La bande-son envoûte, le propos choque et ce mélange étrange et imprévisible crée une atmosphère troublante, qui scotche le spectateur dans son fauteuil.

09.12.2022

4

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