The Son France, Royaume-Uni, Etats-Unis 2022 – 123min.

Critique du film

Tel père, tel fils

Critique du film: Damien Brodard

Après avoir accompagné jusqu’aux Oscars son premier long-métrage, le réalisateur et dramaturge Florian Zeller présente «The Son» en compétition à la 79e Mostra de Venise et met en lumière un Hugh Jackman tout en fragilité.

Dans la droite lignée de «The Father» (2021), Zeller adapte l’une de ses propres pièces de théâtre pour le grand écran. Dans ce récit nimbé de problèmes familiaux qui sont désormais caractéristiques du metteur en scène, l’intrigue quitte la France pour prendre place à New-York et se pare d’une distribution cinq étoiles. Les seconds rôles féminins assurés par les excellentes Laura Dern et Vanessa Kirby sont irréprochables tandis que le jeune Zen McGrath fait office de révélation. Mais c’est le grand Australien Hugh Jackman qui tire son épingle du jeu. Après avoir raccroché les griffes du X-Men Wolverine, il trouve un personnage qui lui permet de s’essayer une interprétation plus sensible, celle d’un colosse aux pieds d’argile. Ce dernier s’est d’ailleurs battu pour décrocher le rôle après avoir découvert la pièce originale.

Une fois encore, les tensions familiales sont parcourues avec minutie et sensibilité. Le film traite principalement de l’illusion d’un père gardant une image idéalisée de son fils, à mille lieues de ce que ce dernier ressent. Plus saisissant encore, Zeller s’aventure même dans le mal de vivre d’une jeunesse abandonnée et cherchant sa place d’adolescent, trop vieille pour être enfant, mais encore trop jeune pour être adulte. Si le scénario résonnera certainement chez de nombreuses personnes, il reste cependant mis en scène de manière assez basique, en étant tout de même complété par une photographie léchée. L’adaptation manque ainsi de ce quelque chose qui a fait que «The Father» s’est envolé au-delà du simple drame familial. Reste un film travaillé, bien écrit et émouvant, servi par des acteurs talentueux, mais finalement très conventionnel.

(79e Mostra de Venise)

07.01.2023

3.5

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Commentaires

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geradupo

il y a 1 an

Je rajouterai que j’ai été bouleversée par le dernier quart du film, plus en tant que mère d’un fils moi-même que par l’intrigue qu’on voit venir gros comme une maison.


CineFiliK

il y a 1 an

“Ma bataille”

Un soir, Peter, qui a refait sa vie et vient d’avoir un bébé, apprend par son ex-femme Kate que leur fils Nicholas ne va pas bien. En pleine souffrance existentielle, le jeune homme encore mineur demande à pouvoir habiter avec son père.

Comme l’écrivait Rimbaud, dont le portrait est affiché sur les murs de cette chambre d’adolescent : « On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans… ». Un mantra que Nicholas ne peut entendre. Sans ami, sans passion, inconsolable depuis le divorce, il sombre dans la dépression. Entre bonne volonté et maladresses, ses parents demeurent impuissants.

Au jeu des sept familles, Florian Zeller avait réalisé un coup de maître en tirant la carte du père. Son premier film, thriller angoissant sur les affres de la sénilité, remportait les suffrages. Clin d’œil complice, il redemande à Anthony Hopkins, plus Hannibal Lecter que jamais, d’endosser, le temps d’une séquence, le costume d’un patriarche vorace. Mais la filiation est moins satisfaisante. Scénario et mise en scène manquent de subtilité. Le contraste entre l’acier et le verre new-yorkais opposés à la chaleur ensoleillée des souvenirs corses paraît trop évidente. Confronté à un mur de briques, vis-à-vis fréquent dans la mégalopole, le récit peine à avancer. Les reproches attendus s’alignent : le travail, les absences, l’abandon, la belle-mère. Aussi, la main sur le berceau aurait pu être plus inquiétante pour se distinguer. A l’opposé, la culpabilité marque les visages adultes et les corps poignardés en plein cœur par ces mots du milieu médical qui emporte l’enfant : « Il sera entre de bonnes mains ». Si le mélodrame est assumé par une distribution appliquée, le chantage émotionnel ressenti est bien moins digeste. Le couperet final agrémenté d’une culbute manipulatrice touche alors à l’impardonnable.

(5.5/10)
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geradupo

il y a 1 an

La mise en scène n’est pas extraordinaire, plutôt conventionnelle et je n’ai pas été très emballée par les trois premiers quarts du film. Hugh Jackman dans le rôle du père et Zen McGrath dans celui du fils ne m’ont pas convaincue. J’avais la sensation que Laura Dern, que j’adore, se regardait et s’écoutait jouer, qu’elle ne ressentait pas les choses. Vanessa Kirby tire son épingle du jeu en belle-mère de l’adolescent dépressif. Quant à Anthony Hopkins… on ne le voit que 10’ mais il excelle!Voir plus


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