Bâtiment 5 France 2023 – 106min.

Critique du film

Nouveau drame social étouffant de Ladj Ly

Critique du film: Maxime Maynard

Quatre ans après «Les Misérables», le réalisateur français Ladj Ly conte une nouvelle fois les tensions sociales en banlieue parisienne dans son second long métrage «Bâtiment 5».

Haby (Anta Diaw) vit avec sa mère, ses frères et sa sœur dans l’immense bâtiment 5 de la cité des Bosquets, à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Stagiaire à la mairie, elle s’occupe aussi d’une association visant à aider les habitants de son quartier. De son côté, Pierre (Alexis Manenti) accède à la position de maire après la mort soudaine de son prédécesseur. Deux mondes parallèles, deux côtés d’une même ville, qui vont s’affronter, au risque de voir les tensions exploser dans la violence.

En 2019, le réalisateur Ladj Ly offrait son premier long métrage, «Les Misérables». Prix du jury à Cannes, lauréat du meilleur montage aux César et nommé aux Oscar dans la catégorie meilleur film étranger, le succès était au rendez-vous. Avec son deuxième projet «Bâtiment 5», présenté au Festival du film de Toronto et actuellement au ZFF, le réalisateur met une nouvelle fois en scène la ville qui l’a vu grandir, Montfermeil, pour raconter les drames et la violence causés par les tensions sociales.

Un enterrement suivi par la mort accidentelle du maire de la ville ouvre le film. Le ton est donné, ponctué par une musique à la tonalité monotone et vibrante. La tension permanente prend le public aux tripes. Les fantômes de la violence et de la tragédie hantent la totalité du long métrage dans l’attente d’un moment opportun pour frapper. De superbes plans aériens capturent la monumentale envergure du bâtiment. Aidé à nouveau du directeur de la photographie Julien Poupard, Ladj Ly utilise un jeu de caméra, tantôt fixe, tantôt à l’épaule, pour transposer à chaque situation l’énergie adéquate.

Pour son projet, il retrouve Jeanne Balibar, Alexis Manenti, Steve Tientcheu, déjà à ses côtés dans «Les Misérables». Dans le rôle du maire, Alexis Manenti est particulièrement marquant dans les moments où il laisse la charmante façade de son personnage s’effriter. Si le reste de la distribution s’en donne à cœur joie, ils sont rapidement éclipsés par le charisme et la présence de la jeune Anta Diaw dans le rôle de Haby. L’énergie et l’aura solaire de son personnage sauvent le film d’une overdose de drame des plus tragique. Rien de bien nouveau depuis «Les Misérables», mais une volonté de représentation toujours louable et une tension habilement maniée.

30.10.2023

3.5

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