Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan Belgique, France, Allemagne, Espagne 2021 – 121min.
Critique du film
Un pour tous et tout n’est pas vain
Blockbuster grandiloquent de cape et d’épée à la française, Martin Bourboulon surprend avec le premier volet de sa trilogie adaptée d’Alexandre Dumas.
En 1627, dans le Royaume de France, la rébellion s’embrase entre les catholiques et les huguenots. Dans ce contexte brûlant, un certain D'Artagnan (François Civil), jeune gascon intrépide, tente de rejoindre les rangs des Mousquetaires de Paris. Du Louvre, à Buckingham, en passant par La Rochelle et les bas-fonds de la capitale, le monde du Roi Louis XIII (Louis Garrel) et de la Reine (Vicky Krieps) est en proie à bien des bouleversements. Bientôt, le destin de D'Artagnan se retrouve mêlé à la Grande Histoire de France et à celui des Mousquetaires Athos (Vincent Cassel), Porthos (Pio Marmaï), et Aramis (Romain Duris).
Certainement l’un des films français les plus attendus de 2023, le chapitre d’introduction de la trilogie de Martin Bourboulon se dévoile enfin. Immense classique auquel le réalisateur s’attaque ici, indubitablement l’une des œuvres les plus populaires du patrimoine littéraire hexagonal ; le réalisateur, épaulé par la célèbre maison Pathé, entendait bien redynamiser le cinéma français avec cette œuvre maintes fois adaptées à travers le globe. Un pari borgne et effronté, pensions-nous. D’autant qu’après l’échec cuisant d’«Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu», les super-productions made in cocorico se parent souvent d’un ennui prodigieux. Et voilà qui dérogerait à la règle, Martin Bourboulon semble avoir visé juste, du moins du côté du divertissement.
Une chose est certaine, l’escarmouche proposée par «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan» fonctionne. Ce blockbuster rutilant consacré au louveteau de Gascogne révèle une mise en scène conventionnelle mais léchée, une cinématographie endiablée façon «Tyler Rake», et des partitions anachroniques lorsque résonnent les synthétiseurs de Guillaume Roussel. L’œuvre originelle s’est assurément sifflée toute l’eau du bain de jouvence. Dès lors, Athos, Aramis, Porthos et D'Artagnan quartent, feintent et coupent le ventre plein d’eau. Une jambe de bois à la main et un fleuret au pied, croyez-le ou non, mais l’aplomb de nos mousquetaires défie toute logique.
Et la littérature de Dumas rencontre des interprètes inégaux. Au milieu du scénario de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, certains personnages, sous écrits, mais de bon aloi, pataugent, dépassés, sans doute, par la hauteur du texte. Or la magie des retrouvailles avec les mots de l’auteur subsiste pourtant. Une prouesse inattendue qui tient à Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Romain Duris, François Civil, par à-coups, et même les mimiques de Louis Garrel dans la peau de Louis le Juste, dont les interprétations apportent une fraicheur anticléricale bienvenue.
Si l’œuvre originale se dérobe, c’est un fait, elle reste historiquement passionnante et contemporaine. De quoi naviguer sans crainte dans les eaux tumultueuses de ce film qui eut mille fois l’occasion de sombrer. Aux portes d’une guerre contre les Anglais, D'Artagnan vole au secours des ferrets de la Reine et de ce premier volet. L’interprétation artificielle d’Eva Green dans la peau de l’antagoniste nous laisse néanmoins pantois quant au chapitre, prévu en décembre prochain, qui semble lui être consacré.
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Commentaires
“Un pour tous…”
Alors que la France est aux portes d’une nouvelle guerre de religion, D’Artagnan le Gascon a pour ambition de rejoindre Paris et d’intégrer la compagnie des mousquetaires du roi Louis XIII. Sur son chemin, il assiste à une agression meurtrière et tente de s’interposer. Mais le téméraire Charles est abattu froidement. Juste le temps de ressusciter…
C’est dans les grands classiques que le cinéma tricolore tente de faire front au bombardement super-héroïque lancé par les États-Unis depuis trop longtemps. Pourquoi pas, histoire de susciter un certain patriotisme et rafraîchir les mémoires. Même sans avoir lu Dumas père, les duels à l’épée, manigances « richelieuses », ferrets précieux et fameuse devise apocryphe ne peuvent être ignorés. Difficile néanmoins de savoir ce que le réalisateur et ses scribes se sont permis d’ajouter. Quelques élans plus contemporains – bisexualité de Porthos, multiethnicité et femmes au rôle stratégique – modernisent un tant soit peu l’intrigue. La distribution est agréable, emmenée par un François Civil à l’aise en jeune premier dynamique, épris de l’active Constance – Lyna Khoudri – qui transforme leur coup de foudre en coup de gourdin. Face aux amoureux, le trio confirmé – Vincent Cassel, Pio Marmaï et Romain Duris – sert avec malice l’altier Louis (Garrel), tout en laissant éclore dans l’ombre la burtonienne Eva Greene qui anime Milady de Winter de sa beauté froide. Il y a de quoi se réjouir, car l’épisode 2 sera essentiellement consacré à l’épineuse rose noire.
Malgré ces atouts, la mise en scène de Martin Bourboulon déçoit, lui qui n’avait déjà pas su convaincre avec Eiffel. De peur d’ennuyer, il opte pour le trop et précipite l’action en 120 minutes, permettant notamment à ses personnages d’entrer et de sortir de lieux surprotégés comme d’un moulin. Quant aux scènes de combat, elles perdent en visibilité, ternies par une image sombre ou ocrée surlignant l’époque. Espérons que le « Tous pour une » à venir se révélera plus subtil.
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
J'ai vu récemment le film de 1961 de Bernard Borderie avec Gérard Barray. Et bien il faut le dire, elle a très mal vieilli. Si à l'époque c'est un film qui nous a fait "rêver", les temps ont changés et cette nouvelle version de Martin Bourboulon est la bienvenue et est presque nécessaire. Remis un peu au goût du jour sans dénaturer les écrits d'Alexandre Dumas c'est une réussite. (F-07.04.23)… Voir plus
Excellent film de cape et d’épée! Bon casting des mousquetaires. François Civil est très charismatique en D’Artagnan. Le résumé de Cineman est faux: le complot de Richelieu ne décime pas le roi et la reine, Athos est interprété par Vincent Cassel et Porthos par Pio Marmai et non le contraire. J’ai passé un très bon moment et je me réjouis de la suite!… Voir plus
Bonjour, merci pour votre vigilance. Nous ne sommes pas des machines et avons vraisemblablement écrit un peu vite.
Bien à vous
Théo Metais
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