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Le procès du chien France, Suisse 2024 – 83min.

Critique du film

Laetitia Dosch crée l’hilarité avec son premier film

Critique du film: Marine Guillain

L’actrice franco-suisse Laetitia Dosch passe pour la première fois derrière la caméra avec «Le Procès du chien», une tragicomédie entièrement tournée sur les bords du lac Léman. Le film, qui faisait sa première au Festival de Cannes, a été présenté en cérémonie de clôture sur la Piazza Grande de Locarno. On fait le point.

Avocate spécialisée dans la défense des animaux, Avril (Laetitia Dosch) se fait remonter les bretelles par son boss (Pierre Deladonschamp): celui-ci aimerait qu’une bonne fois pour toutes, elle arrête de prendre en charge des causes désespérées perdues d'avance. Emplie de bonnes résolutions, Avril ne parvient pas à refuser la demande de son client suivant Dariuch (François Damiens), malvoyant, dont le chien Cosmos est condamné à mort pour avoir mordu plusieurs personnes. Arrive le procès. Comptant sur l’aide de Marc (Jean-Pascal Zadi), comportementaliste animalier, l’avocate va tout tenter pour sauver son client récidiviste de la peine capitale…

Entièrement tourné dans le canton de Vaud, essentiellement à Lausanne, «Le Procès du chien» est l’un des quatre films suisses sélectionnés à Cannes. Présenté ce week-end dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, il fait partie des métrages très attendus de cette édition et sortira sur les écrans romands le 11 septembre prochain. «La Suisse est un territoire que j’adore et il est très peu filmé», nous avait confié Laetitia Dosch à l’époque, alors que le film était en préparation. «Je trouve que ce pays a une singularité qui est propice à la comédie, et une telle histoire dans la vraie vie pourrait réellement prendre une grosse ampleur en Suisse.» La cinéaste, ancienne étudiante de la Manufacture à Lausanne, avait aussi expliqué s’inspirer de l’humour des frères Coen, avec de la fantaisie et des personnages «un peu fous».

Produite par Bande à Part (l’un de ses fondateurs, le cinéaste lausannois Lionel Baier tient d'ailleurs un petit rôle dans le film), la parodie sociétale mêle ironie, décalage et absurde pour mettre en lumière tout un paquet de sujets: le sexisme, le harcèlement au travail, le racisme systémique, la lutte des classes, les injustices… En connaissant un peu Laetitia Dosch et ses choix professionnels, tant au théâtre («Laetitia fait pêter», «Hate») qu’au cinéma («La bataille de Solférino», «Jeune femme», «Gaspard va au mariage», «En même temps»), ainsi qu’au regard du casting choisi (François Damiens et Jean-Pascal Zadi), il était probable (et souhaitable) que ce premier long métrage se révèle excentrique. Ces attentes ont été comblées, grâce à de nombreux petits détails désopilants venant se glisser ici et là. On est bien dans l’univers Dosch, on s’en délecte, et pour ne rien gâcher, tout le monde livre une belle performance de jeu. Surtout Cosmos, le chien, très sérieux candidat pour la Dog Palm.

(Locarno 2024)

03.09.2024

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 1 mois

“Mordue”

En Suisse, Avril, avocate adepte des causes perdues, accepte de défendre Cosmos, accusé d’avoir mordu une femme de ménage au visage. Dans ce procès hors-norme, le prévenu est un chien.

« Gentille », Avril voudrait sauver la veuve et l’orphelin, que ce soit une femme insultée dans la rue, son petit voisin battu ou le clébard récidiviste qui se couche docilement sur son bureau. Mais dans un pays qui considère l’animal comme une chose, difficile de lui éviter une condamnation sans sommation. A moins qu’il ne soit permis de le juger comme un être humain…

Inspirée par des faits réels qu’elle surélève largement, Laetitia Dosch laisse parler sa flamboyance et son sens du décalage devant et derrière la caméra. Dans la folie douce qui la caractérise, elle interroge : si le chien devient homme, est-il doté d’une âme et d’une raison ? Un comité éthique mêlant rabbin, imam, pasteur, moine bouddhiste et philosophe s’écharpe sur la question. Son attitude agressive envers les femmes peut-elle être considérée comme de la misogynie ? Oui, dit le comportementaliste qui est entré en communication avec le client à quatre pattes. Face à une partie civile coriace, frontale et nationaliste, la plaidoirie de la défense s’emmêle en laissant l’antispécisme s’opposer au féminisme. L’héroïne va jusqu’à frôler la zoophilie dans une séance de lutte avec le bâtard. A son image, le film, un peu foutraque et pas toujours maîtrisé visuellement, cherche sa « voix », entre comédie loufoque, drame sociétal et dénonciation militante des rapports de domination. Mais la réalisatrice-actrice aux couleurs de l’incendie sait aussi se montrer tendre. Dans une scène de séduction au rayon alimentaire, le bip d’une caisse enregistreuse s’accorde aux battements d’un cœur qui s’agite, alors qu’une boîte de tomates concassées symbolise une idylle avortée. Laetitia Dosch ou l’art d’avoir du chien.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 mois


BellaVista

il y a 2 mois

Affiche et description du film trompeuses. Très décus. On va en famille (âge conseillé 12ans) et on choisit une "comédie", mais le film commence d'emblée avec un langage très cru pas du tout adapté à un public de 12 ans! Oui, il y a des scènes drôles mais c'est surtout une prise de tête pour une histoire qui n'avance pas et qui finit mal en plus. Nous sommes ressortis déprimés avec des gros mots plein les oreilles. On peut s'imaginer que ce film ait du succès pour un certain public mais nous n'en faisons vraiment pas partie. Je regrette de ne pas être sortie avant, comme d'autres dans la salle...Voir plus

Dernière modification il y a 2 mois


Eric2017

il y a 2 mois

Un film drôle et touchant mais ne vous y trompez pas avec la bande annonce, ce film fait sourire mais pas rire aux éclats.. Inspiré d'une histoire vraie je salue Laetitia Dosch pour avoir osé pour un premier film s'attaquer à un tel sujet.
Tourné à Lausanne c'est assez agréable de découvrir sa ville sur grand écran. À part ça c'est un film qui se laisse voir, qui est touchant où l'on ressent assez bien le petit grain de folie de sa metteur en scène. (G-15.09.24)Voir plus


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