Chacun pour tous France 2017 – 94min.
Critique du film
Tricher pour la bonne cause
Film d’ouverture au dernier festival de Locarno, Chacun pour tous de Vianney Lebasque s’inspire de l’histoire étonnante mais vraie, de l’équipe de basketball espagnole des déficients mentaux. Aux Jeux Paralympiques de Sydney, la sélection ibérique s’était attachée les services de joueurs…aptes. Cette fois-ci il n’est pas question de l’Espagne, mais bien de l’équipe de France.
Martin (Jean-Pierre Darroussin) est le sélectionneur de l’équipe de France des déficients mentaux. Au pied du mur financièrement, une participation aux Paralympiques est vitale pour la fédération fondée par Martin lui-même, et permettra de toucher des subventions. Pas de subventions, plus de fédération. En manque de joueurs, Martin opte pour une stratégie radicale : embaucher des joueurs valides. C’est là qu’interviennent Stan (Ahmed Sylla) et Pippo (Olivier Barthelemy). Deux amis qui décident de prendre part à l’aventure et qui acceptent de tricher. L’équipe gagne ses rencontres avec plus de 30 points d’écart et attire l’attention des médias internationaux. L’équipe de France de basket des déficient mentaux devient la coqueluche du public australien, avant de passer pour une équipe de traîtres.
Pour la prise de risque, on repassera. Chacun pour tous se construit de manière très standard, suivant le moule du film classique, préfabriqué, tentant d’allier divertissement comique et film moralisateur. Jouant à fond la carte de l’histoire vraie, Vianney Lebasque propose un travail correct, entre blagues et dialogues (parfois) drôles, mais ne réinvente pas le genre. L’histoire prend des allures de feel-good movie coincé entre humour et romantisme mièvre. Inoffensif, un peu naïf et sans relief, on retient néanmoins Ahmed Sylla qui amène quelque chose de touchant à l'histoire. Le film profite aussi d'un côté attendrissant dans ses relations entre les inaptes et les aptes. Belle morale que voilà, les handicapés ont eux aussi le don de réfléchir et de nous apprendre des choses. Le rapport avec les valides est modestement traité, trop peu d’ailleurs et rate sans doute le coche « humain » du récit, mais reste néanmoins l'intérêt de Chacun pour tous.
La suite sera logique, sans débordement et parfaitement prévisible. Le scandale éclate, les petites amourettes qui se sont formées au cours du tournois, s’arrêtent ou s’entretiennent, et Martin endosse la faute. Il fallait bien que cette belle aventure couronnée d’une médaille d’or s’arrête brusquement, devant les milliers de journalistes assoiffés et en mal de scandale. Une équipe de sport handicap qui enrôle des valides pour s’adjuger le titre. Une fin bâclée pour un divertissement calibré pour plaire à une grande majorité du public.
En bref !
Si nous parlons langage basketball, Chacun pour tous réussit quelques paniers dans la raquette, mais pas de 3 points. Lebasque ne prend pas le moindre risque. À l’image d’une équipe sans point faible et sans point fort, on se lasse du manque de folie et fantaisie. Quelques vannes par-ci par-là, et puis s’en va. Un film que l’on consomme et que l’on oublie juste après sa projection.
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