Wonder Wheel Etats-Unis 2017 – 101min.
Critique du film
Wonder Wheel
Après un mariage chez les punks et des années silence, Wonder Wheel raconte l’histoire de retrouvailles familiales tumultueuses et d’une collocation amoureuse explosive.
Laboratoires de rêveries institutionnalisées et faussement exotiques, les parcs de loisirs offrent une esthétique propice au mélodrame. Quelque part entre la détresse sociale de Freaks et la chocolaterie féérique de Willy Wonka, le Luna Park de Coney Island, et sa grande roue mettent en perspective la métaphore d’une dramaturgie perpétuelle. Wonder Wheel est une ritournelle amoureuse portée par la splendide caméra de l’italien oscarisé Vittorio Storaro (à qui l’on doit notamment Apocalypse Now). Jouant avec les couleurs, la photographie conte une histoire subliminale et poétique, notamment dans un plan serré où l’iris de Kate Winslet, et ses alvéoles lumineuses, résume à lui seul la fatalité de l’intrigue. Le tapis sonore oscille entre le quatuor vocal des Mills Brothers et le tango de Georgia Gibbs, donnant au film une musicalité très cinématographique. Wonder Wheel laissera néanmoins le sentiment d’une réussite en demi-teinte.
Pourtant théâtral, Woody Allen n’est pas un magicien du spectacle et livre ici une nouvelle piécette tendrement kitsch et désuette. Le film respire la mélancolie du dramaturge bourgeois vieillissant. A 82 ans, il cajole le passé, ouvre les persiennes du coeur et questionne en technicolor les ombres de son existence. Fidèle à la narration théâtrale, les passions se déploient essentiellement dans le salon boisé de la bicoque, offrant au passage, quelques jolis mouvements de caméra. Kate Winslet, June Temple et Jim Belushi, excellent avec tendresse et l’aura du trio sauvera les lacunes du personnage de Justin Timberlake. Maladroitement caustique, trop lisse, mal taillé, mal écrit ou simplement mal interprété? La question reste ouverte... Car perché sur son piédestal de plage, face caméra, lorsqu’il philosophe pauvrement sur ses angoisses amoureuses, on s’ennuiera d’une surexploitation du 4ème mur théâtral. Drôle dans Annie Hall ou ingénieux dans La Rose Pourpre du Caire, ce procédé leste de confidences superficielles une intrigue déjà bien mielleuse.
Tout est affaire de décor et c’est sans doute ce qui sauvera Wonder Wheel qui, jusque dans une réplique finale, restera finalement un bel objet de cinéma.
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Commentaires
To wonder around
Années 50. Plage de Coney Island. Juché sur sa chaise de gardien de plage, Mickey (Justin Timberlake) pérore sur le monde et ses vicissitudes. Hâbleur, il sera le héros du petit horizon de Ginny (Kate Winslet). Cette dernière se morfondant entre un métier peu gratifiant, un enfant à problèmes et un époux dont elle est l'ancrage, dérive et s'imagine sauvée par les étreintes du jeune homme qui va progressivement se détourner d'elle pour sa belle-fille fraîchement arrivée. (...) Au loin, la roue tourne. Immense. Révolutionnaire. Éclairages bleus, rouges en alternance ponctuent les atermoiements migraineux de Ginny; jalouse hystérique dont l'enfant n'a de cesse de s'échapper afin d'allumer des foyers. Kate Winslet nous offre une prestation de haut vol et son rôle d'actrice échouée et cyclothymique n'est pas sans rappeler le final de Vivian Leigh dans "un tramway nommé désir". Paradoxalement alors que les couleurs Woody Allen nimbent ce qui pourrait être son dernier tour de piste cinématographique, la flamme vacille sous les éclaboussures.… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
“La roue de l’infortune”
Dans le Coney Island des années 50, Ginny s’invente une autre vie… Loin de son mari violent, d’un gamin pyromane et de ce restaurant où elle sert des palourdes à longueur de journée. Les bras jeunes du maître-nageur ont pour elle la chaleur de l’espoir. Mais l’arrivée de Carolina, belle-fille à problèmes, refroidit l’ambiance.
La pièce s’imprègne d’un doux parfum de jasmin bleu quand Ginny déclame sa désolation. Vivant dans l’illusion de son passé d’actrice, elle noie ses chimères dans l’alcool et les pastilles effervescentes.
De Cate à Kate, il n’y a qu’une lettre. Si Winslet n’atteint pas l’intensité drôlement dramatique de Blanchett, son talent porte ce film bavard à la cruauté douce. Tragédienne hantée par la jalousie coupable et ses fantômes, son personnage déambule sur le boulevard Sunset. Comme les nacelles de cette grande roue de l’infortune qui dévore les fenêtres de l’improbable appartement familial, l’héroïne touche au septième ciel avant de revenir sans cesse au point de déception.
Les couleurs saturées et les teintes orangées subliment l’image et ses résidents, tel un soleil couchant. Mais, dans l’atmosphère actuelle, exhalant le scandale et la délation, symbolisent-elles la disparition annoncée de la comète de Allen ? Un sentiment mélancolique aux effluves amers nous envahit alors.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
Wonder Wheel me fait penser à la salade verte que j'ai mangé cet après-midi : magnifique assiette à la présentation impeccable, mais goût insipide. Sans assaisonnement ni vinaigre.
Woody Allen est un cinéaste expérimenté. Et un auteur éprouvé en manque complet d'inspiration se rabat sur son savoir-faire. Sur le métier qu'il maîtrise.
Son dernier film est donc parfaitement emballé et mis en musique avec un casting croustillant et des acteurs impliqués. Le problème est dans le texte : dialogues insipides, humour inexistant, enjeux service minimal et personnages manquant d'épaisseur.
A aucune moment on a le sentiment que l'auteur s'est réellement impliqué dans l'histoire.
Après l'excellent "Café society", la chute est brutale. Mes paupières se sont alourdies plusieurs fois devant cette mécanique huilée à un ersatz allénien mais sans son âme.
L'époque Weinsteinien le poursuivant lui aussi, je n'espère qu'une chose : qu'il rebondisse très haut une dernière fois.… Voir plus
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