Amin France 2018 – 91min.
Critique du film
Philippe Faucon, au plus près de la réalité
Le nouveau film de Philippe Faucon, réalisateur du primé Fatima, est un voyage entre l’Europe et l’Afrique, entre différentes cultures et différentes vies. Au croisement des nombreux allers-retours entre le Sénégal et la région parisienne, une relation naîtra entre Amin (Moustapha Mbengue) et Gabrielle (Emmanuelle Devos). Deux âmes en peine et esseulées, deux personnes à l’origine d’une romance claudicante.
Fatima a raflé le César du meilleur film en 2016, un récit poignant sur une mère se vouant corps et âme à ses enfants pour leur offrir un avenir meilleur. Depuis, Philippe Faucon s’est relancé dans ce sujet qu’il maîtrise : l’immigration. Amin, interprété par Moustapha Mbengue, campe la figure principale, un sénégalais qui se sacrifie pour sa femme Aïcha (Marème N’Diaye) restée au Sénégal pour s’occuper des enfants. Amin est un homme timide, presque effacé. Il entretient des relations en surface avec ses collègues et tombera un jour sous le charme d’une infirmière, Gabrielle (Emmanuelle Devos), une mère au bout du rouleau après une séparation délicate. Le torchon brûle entre elle et son ex-mari, Hervé (Samuel Churin). Amin arrive comme un apaisement, une porte de sortie pour tromper la solitude.
Le lien fragile qui unit Gabrielle et Amin est traité de la plus sobre des manières, libéré du moindre artifice. Le film flirte avec l’ennui, englué dans un minimalisme toujours plus pesant. Si le traitement de l’histoire a quelque chose d’humain, de profond et de très appréciable, la mise en scène sombre néanmoins dans une certaine facilité. Faucon place son récit à hauteur d’homme et plonge son histoire dans les limbes de la vie moderne. Oui, c’est justement traité et plein d’empathie, mais il subsiste quelque chose de lisse et de trop simplifié. La méthode avait déjà fait ses preuves avec Fatima, tandis qu’avec Amin, le cheminement est (trop) semblable et moins clinique.
Le vrai point fort n’est autre que la performance sensible de Moustapha Mbengue. Prononcées dans la retenue, ses rares paroles ont quelque chose de très touchant, de saisissant. De ses échanges avec Gabrielle à son décalage toujours plus grand avec sa famille au Sénégal, Mbengue éclipse le reste de la distribution. On notera les rôles très caricaturaux des différents collègues de l’ouvrier sénégalais, comme Abdelaziz (Nourredine Benallouche), un père de famille exploité par son patron et qui n’attend que sa retraite pour pouvoir rentrer au pays. On soulignera également la performance un ton en-dessous d’Emmanuelle Devos, à l’image de sa prestation dans Moka.
En bref ! Philippe Faucon cadre les regards là où la tristesse et la solitude se perçoivent. Des thèmes récurrents dans le cinéma de Faucon (sacrifice, immigration, racines), pour un film peut-être un brin convenu et trop méthodique dans sa mise en scène. Malgré la performance de Moustapha Mbengue et hormis quelques instants précieux, la puissance émotionnelle n’est pas au rendez-vous.
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Commentaires
« Ceux qui partent et ceux qui restent »
Amin est venu en France pour travailler, laissant au Sénégal son épouse Aïcha et leurs trois enfants. Un jour, il rencontre Gabrielle, femme divorcée. Deux solitudes, qui se frôlent et se rapprochent.
Il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Ceux qui rêvent de rejoindre l’eldorado imaginé, et ceux qui n’ont plus que l’envie de revenir au pays.
En Europe, Amin n’est qu’un ouvrier parmi tant d’autres, qui trime pour transformer sa sueur en billets, source vitale pour tous les siens. Son quotidien n’est qu’un va-et-vient éreintant entre les chantiers et le foyer. Gabrielle lui offre une oasis.
En Afrique, Amin est l’homme providentiel, un héros modèle qui a réussi à traverser la mer. Mais c’est aussi un père et mari, dont les cadeaux ne sauraient combler l’absence.
Après Fatima, Philippe Faucon offre un nouveau visage à l’exil. Ce portrait sensible d’un homme déchiré est beau, délicat. Moins convaincants, ses personnages secondaires, autres facettes de la migration, digressent et diluent quelque peu son propos.
6/10… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
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