Le chant du loup France 2019 – 115min.
Critique du film
Le splash de l’effroyable
Le scénariste et auteur de Quai d’Orsay, Antonin Baudry réalise son premier film avec Le Chant du loup. Diplomate de profession et créateur de bandes dessinées, le Français de 43 ans se lance dans un drame en eaux profondes.
Ils sont beaucoup à demander que le cinéma français soit plus ambitieux. Le Chant du loup est un exemple de prise de risque intéressant, dans un genre que le cinéma américain a pillé et que Thomas Vinterberg a testé récemment avec Kursk. Un film d’action de sous-marin, à la dramaturgie haletante. Antonin Baudry emprunte les codes du cinéma grand public, pour démouler un blockbuster courageux. Et le sentiment positif sera confirmé grâce à une scène d’ouverture excellente d’intensité, sur terre. L’équipage à bord du sous-marin français doit rapatrier une unité au sol en mauvaise posture.
Une entame radicale, une bonne dose d’action pour enfin… perdre de sa superbe. La faute à une intrigue et une sous-intrigue mollassonnes, où Baudry opte pour une romance inutile entre Chanteraide et Diane (Paula Beer). Paula Beer est même cantonnée à de la figuration - et c’est bien dommage connaissant son talent. Chanteraide, amoureux mais obsédé par ce son à 4 temps, ou 4 pales, si pur et mystérieux entendu au fond des eaux, sombre dans les abysses. Son enquête frise le ridicule dès l’instant où il décide de court-circuiter sa hiérarchie, en usant de ses talents auditifs. François Civil n’a pas l’étoffe pour porter l’histoire, trop tendre.
S’employant à décrire les opérations de manière très réaliste, Baudry oublie des facteurs primordiaux : direction d’acteurs et intensité pour un métrage de ce genre. Les acteurs chevronnés que sont Omar Sy, Reda Kateb ou encore Mathieu Kassovitz sont en roue libre. Omar Sy n’est jamais à la hauteur de son rôle, Reda Kateb est absent et Mathieu Kassovitz en fait des caisses pour insuffler un vrai élan dramatique. Impossible de passer à côté des dialogues boiteux ou du rythme inégal pour une oeuvre de cette ampleur.
Si Thomas Vinterberg (Kursk) avait réussi à retranscrire cette sensation suffocante du huis-clos, Baudry l’effleure, la capte dans cette excellente séquence d’ouverture, avant de perdre pied dès le retour à la base. À grandes et irritantes envolées musicales, Le Chant du loup voit l’eau s’infiltrer de toutes parts. Le submersible sombre à force de dénoncer et critiquer les institutions et leurs protocoles absurdes.
En bref !
Comme son casting, Le Chant du loup manque de charisme et d’incarnation. Une entrée en matière réussie avant de perdre irrémédiablement en consistance plus le film déploie son arc narratif. À articuler son scénario autour de l’expérience auditive, le film d’action se retrouve vulgarisé et tourné en divertissement bancal basé sur une surenchère de l’enjeu. Le chant du loup a fait place au requiem du loup.
Votre note
Commentaires
L'idée de base qui tient en quelques mots est plutôt intéressante, une guerre pourrait être lancée par un sous marin "russe". Je veux pas trop spoiler. Un enrobage décent aurait été souhaitable. C'est mal joué mais à un point. Omar Sy est sympa dans d'autres rôles, mais non vraiment non. L'attaque lancée 5 minutes après que les sous marins français plongent est une facilité scénaristique déconcertante qui permet au fumeur de pet d'être encore là et d'avoir un rôle à jouer pour la suite des évènements. Rien n'est amené ni joué correctement c'est un gâchis exceptionnel. C'est pas un film, c'est un story board.… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
“Le silence de la mer”
Le Titane, sous-marin français, a pour mission de récupérer au plus vite un commando sur les côtes syriennes. Mais une frégate iranienne le repère et le prend en chasse. Lors de l’attaque, le jeune Chanteraide, en charge de l’identification des bruits extérieurs, détecte un son inconnu. Animal inoffensif ou danger grandissant ?
Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. C’est sur ces mots d’Aristote que débute notre plongée en eau trouble. Une immersion dans un monde inconnu où le silence est d’argent, et l’oreille est d’or. Un sous-marin est un engin aveugle, qui parle un jargon incompréhensible et doit pouvoir, grâce à l’ouïe d’experts, distinguer entre une menace nucléaire et un cachalot malade. Le sort de la terre en dépend.
Voguant sur un scénario solide et une réalisation élégante, Antonin Baudry, ancien diplomate, nous entraîne dans le secret des profondeurs. Un univers rare sur les écrans hexagonaux, peuplé d’hommes dominant encore les machines, de frères devenus ennemis malgré eux, et de vies noyées. Quelques facilités romantiques pour féminiser l’ensemble, mais une tension palpable. Car au fond de la mer, personne ne vous entend crier.
7/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
Le troisième monde
Au large de la Syrie, Chanteraide est l’oreille de la marine de guerre française : son rôle est d’identifier uniquement par l’audition si un sous-marin ennemi ou allié est prêt à attaquer. Une tâche ne permettant pas la moindre erreur qui pourtant survient et lui vaut une mise à pied. Son salut vient de la Russie qui menace d’envoyer des missiles sur l’Europe depuis la Finlande, d’où une mission d’interception où deux sous-marins sont engagés. Avec le risque de ne pas revenir.
Le voici enfin ce nouveau film sous-marin ayant reçu des critiques très positives, ce qui personnellement m’étonnait car la bande-annonce semblait nous orienter vers un mélange entre le Kursk et le bateau de Petersen. Ces critiques s’avèrent justifiées.
Les quinze premières minutes syriennes illustrent que le droit à l’erreur est proscrit au risque de déclencher une nouvelle guerre mondiale. Et Chanteraide ne passe pas loin de la correctionnelle, même si une information quand à l’origine du couac va s’avérer déterminante pour les deux équipages concernés.
Certaines séquences terrestres sont quelque peu exagérées dans le but de détendre quelque peu et permettre au spectateur de souffler. Elles s’avéreront finalement une vraie source de relaxation avant la mission proprement parler d’éviter un nouveau conflit terrestre à tout prix.
Je ne suis pas expert en marine et, par conséquent, ne peux pas juger de la part entre l’invraisemblance et le réel, mais la dernière heure fait littéralement froid dans le dos et s’avère aussi captivante que bon nombre de films sur le sujet, notamment ma référence « das Boot » avec un son prodigieux, une musique marquante dont un thème fort représentant ce troisième monde, présenté sur la première séquence, et des acteurs excellents, Palme à Kassovitz et à l’inconnu François Civil troublants.
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