O Fim do Mundo Suisse 2019 – 107min.
Critique du film
La résistance jusque dans les entrailles d’un quartier condamné
Fort d’un premier long-métrage présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2013, Basil Da Cunha installe à nouveau sa caméra à Reboleira, quartier lisboète et domicile du réalisateur depuis 10 ans. Entre fresque sociale, projet documentaire et cinéma de fiction, le natif de Lausanne fait honneur à son quartier d’adoption.
Après huit ans passés en maison de correction, Spira (Michael Spencer) est de retour à Reboleira, un bidonville voué à la destruction. Il y retrouve sa famille et ses deux amis ainsi que Kikas, le boss local, qui lui fait très vite comprendre qu’il a la main-mise sur le quartier. Désormais sorti de l’enfance, Spira entame sa propre résistance contre les hommes d’abord et, plus symboliquement, contre la destruction programmée de Reboleira.
Il aime son quartier et ça se voit. Il aime ses personnages également. Basil Da Cunha livre un récit brut et touchant d’un microcosme à l’orée de son extinction. Entrelacs de portraits, O Fim Do Mundo puise dans la fresque sociale, la fiction et le projet documentaire pour en extraire un récit authentique et immersif, fait de gros plans captant avec justesse l’essence de chaque personnage joliment mis en valeur par une photographie léchée. Le cinéaste, ancien étudiant de la HEAD à Genève, aime aussi l’idée que son cinéma s’entremêle avec la vie. Sa façon de travailler n’est que le reflet de ce postulat.
Et pour ce faire, le réalisateur a travaillé de façon inédite. D’un scénario initialement écrit pour des personnages encore enfants, Basil Da Cunha a réécrit son script afin de coller avec ces personnages devenus de jeunes adultes. Un travail important en amont permettant une grande liberté au moment du tournage et des dialogues improvisés par les comédiens. Ces derniers qui sont en réalité de vrais habitants de Reboleira, des voisins du réalisateur, des acteurs non-professionnels que le Lausannois a vu grandir et qui, pour la plupart, jouent leur propre rôle.
Le film présenté au Festival de Locarno dans la catégorie «Compétition Internationale» l’été dernier s’affaire autour d’un thème central: la résistance d’une jeune génération, thématique qui trouve un écho actuel, notamment dans la lutte pour le climat incarnée par ces centaines de milliers de jeunes gens qui descendent dans la rue. Si la résistance peut prendre diverses formes, celle que raconte Basil Da Cunha à travers son personnage principal, interprété par le jeune Michael Spencer, a elle aussi de multiples visages. La résistance à un système quand il est question de se dresser contre le boss du quartier, la résistance à des préjugés lorsque Spira fait face à sa belle-mère et ses ragots, à un symbole, celui de son quartier dont la mort est imminente. La fin d’un monde oui, mais la naissance d’un nouveau.En bref!
Le cinéma suisse porte en son sein de belles promesses. Basil Da Cunha réalise un film à la croisée des genres, faisant cohabiter l’ombre et la lumière. Une histoire de résistance juvénile dans un bidonville condamné, où fin rime avec début.
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